Sept ans de problèmes de paye : un couteau dans la plaie pour les fonctionnaires qui luttent pour des salaires décents

Chris Aylward, président national, Alliance de la Fonction publique du Canada

Pour des centaines de milliers de fonctionnaires fédéraux et de personnes retraitées, le 28 février marque le septième anniversaire du cauchemar Phénix, mais il n’y a rien à célébrer.

Chaque chèque de paye leur rappelle que le gouvernement est toujours incapable de les payer correctement et à temps. Depuis le lancement de Phénix en 2016, il n’y a pas eu une seule période de paye sans erreur importante. Pas une seule.

Il y a actuellement plus de 400 000 problèmes de paye, anciens ou nouveaux, qui attendent d’être traités dans le système. Même si le gouvernement s’est engagé à réduire l’arriéré, les problèmes continuent de s’accumuler au rythme de 10 % de plus par année depuis 2018.

Même si le gouvernement a embauché des conseillères et conseillers en rémunération, les renforts sont loin d’être suffisants. Il faut des années pour que ces spécialistes soient entièrement formés au traitement de dossiers complexes, et sans personnel chevronné, l’arriéré continue de croître.

Derrière chaque dossier se trouve un fonctionnaire frustré, à bout de nerfs après avoir passé des semaines, des mois, voire des années à attendre que son employeur règle ses problèmes de paye.

En l’absence d’un système fiable, les fonctionnaires continuent de subir l’angoisse des ratés de Phénix : des carrières en veilleuse, des retraités qui attendent pendant des années qu’on règle leur dossier, et de jeunes parents qui hésitent à prendre un congé parental de crainte d’être victimes de Phénix.

Pour couronner le tout, le gouvernement se démène pour encaisser des trop-payés remontant à 2016. Pourquoi? En raison du délai de prescription de six ans pour les récupérer, il se précipite à la dernière minute pour empocher ce qu’il peut.

Depuis l’année dernière, des dizaines de milliers de fonctionnaires ont reçu des demandes de remboursement par la poste, mais ces lettres sont souvent peu claires et avares de détails.

Il va de soi que les fonctionnaires qui savent qu’ils ont été trop payés doivent s’attendre à rembourser ces sommes, mais de nombreuses personnes ont aussi été sous-payées plus d’une fois, et seul un examen complet de leur dossier de paye pourra démontrer si elles doivent vraiment de l’argent.

Il ne faut pas oublier que c’est le gouvernement qui doit porter le blâme, car c’est à cause de son système de paye que des centaines de milliers de fonctionnaires ont été trop ou pas assez payés.

Il est inconcevable que le gouvernement dépouille sans vergogne les travailleuses et travailleurs qui ont déjà tellement enduré en raison de son système de paye bancal, alors qu’il reste encore 15,5 milliards de dollars à recueillir auprès des grandes sociétés qui ont reçu des subventions excessives pendant la pandémie.

C’est encore la classe moyenne qui paye le prix fort, tandis que les riches sociétés s’en sortent indemnes.

Le fiasco Phénix fait injure aux 165 000 membres de l’AFPC en négociation, qui continuent de se voir refuser des augmentations de salaire proportionnelles à l’augmentation du coût de la vie.

Nos membres – qui sont déjà parmi les fonctionnaires les moins bien payés de la fonction publique fédérale – ont perdu plus de 10 % de leur pouvoir d’achat au cours des deux dernières années et doivent maintenant faire des choix difficiles pour joindre les deux bouts.

Les problèmes de paye actuels sont la dernière chose dont ils ont besoin.

À titre de plus grand employeur du Canada, le gouvernement fédéral doit montrer l’exemple en réglant le cauchemar Phénix et il doit fixer la barre en offrant des salaires concurrentiels qui ne laissent personne de côté.

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28 Février 2023