La pandémie a sonné l’alarme, et une chose est claire maintenant : nous pouvons, et nous devons repenser notre société et notre économie. C’est l’occasion de refaire le monde en donnant la priorité aux gens. Rebâtissons un pays qui rejette l’austérité, l’inégalité, le racisme, le colonialisme et l’oppression, un pays qui cultive la dignité, la santé et le bien-être de sa population.
Voilà le Canada que nous voulons.
Services de garde universels et abordables
Les services de garde étaient déjà très mal en point avant la pandémie. Il est grand temps d’agir. Il faut un réseau pancanadien de services de qualité, abordables, inclusifs et axés sur le développement des enfants de 0 à 12 ans. Il faut aussi s’engager à élargir et à financer le Cadre d’apprentissage et de garde des jeunes enfants autochtones.
Les postes d’éducateurs et d’éducatrices doivent être stables et bien rémunérés. L’indépendance financière des femmes et l’égalité des genres, surtout dans les groupes marginalisés, dépendent de ces services.
Réseau de santé solide
Le bien-être socio-économique de toute la population dépend du système de santé. Or, le Canada est le seul pays au monde où les médicaments d’ordonnance ne sont pas couverts par l’assurance-maladie publique. Il nous faut l’assurance-médicaments universelle.
La pandémie a révélé l’état lamentable des soins de longue durée. Les résidents des établissements privés ont quatre fois plus de risques de mourir de la COVID-19 que les personnes qui vivent dans des établissements publics. Il faut nationaliser les soins de longue durée, parce que si les entreprises privées prennent des raccourcis pour accroître leurs profits, la santé de la population en souffrira.
Aide financière pour redresser les inéquités
La justice économique est la clé d’une société juste et équitable. Il faut des soutiens au revenu et des services sociaux pour éliminer les inégalités. Le plan économique doit s’attaquer aux inégalités raciales et entre les sexes, appuyer les économies autochtones, stimuler une croissance économique durable et éliminer les obstacles pour les personnes ayant un handicap.
Nous avons une occasion en or de réformer l’assurance-emploi afin de régler certains problèmes de longue date, comme l’accès inéquitable aux prestations qui sont d’ailleurs insuffisantes.
Lois du travail rigoureuses et emplois stables
La pandémie a entraîné la perte de millions d’emplois, et le chômage a atteint des niveaux qu’on n’avait pas vus depuis des décennies. Les femmes et les personnes LGBTQ2+, racialisées et autochtones ont été durement touchées. Les travailleuses et travailleurs migrants sont devenus plus vulnérables. Bien des gens occupant des emplois précaires ou des petits boulots vivent au seuil de la pauvreté. Tous les ordres de gouvernement doivent collaborer à la mise en place d’une stratégie d’emploi exhaustive qui prévoit l’expansion du secteur public.
Le temps est venu de stopper la privatisation, de renforcer les lois sur le travail pour favoriser la syndicalisation et d’assurer un emploi décent à tous.
Justice climatique
La crise climatique donne l’occasion de relancer une économie plus verte. Les gouvernements doivent œuvrer pour une économie carboneutre qui favorise l’équité sociale et la création de bons emplois stables. Les peuples autochtones doivent être au cœur de ces plans d’action. Sensibilisation, implication des jeunes, participation de la société civile, initiatives locales et communautaires et autonomisation font aussi partie de la solution.
Pleins droits et souveraineté des peuples autochtones
On ne peut rebâtir le pays sans les peuples autochtones. On doit tenir compte de leurs droits et s’assurer de leur entière participation, après avoir obtenu leur consentement libre et éclairé.
Le Canada doit investir dans les infrastructures, notamment pour garantir de l’eau potable; accélérer la mise en œuvre du plan d’action pour donner suite à l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées et aux recommandations de la Commission de vérité et réconciliation; mettre en œuvre la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones; et élaborer une loi sur la santé des Autochtones, conjointement avec les Premières Nations, les Inuits et la Nation métisse. On doit aussi s’attaquer au problème de la hausse constante du prix de la nourriture dans le Nord.
Démantèlement des structures et des systèmes racistes
Il ne peut y avoir de justice sociale et économique sans démanteler au préalable le racisme omniprésent dans nos différents systèmes (social, économique, politique, de justice et d’éducation). Il faut donc préparer des budgets, élaborer des politiques et prévoir du soutien pour contrer la discrimination systémique et éliminer
les préjugés, y compris le racisme anti-noir.
Les institutions canadiennes – administrations publiques, système judiciaire, réseau de l’éducation, médias et établissements financiers – sont bâties sur des inégalités. Nous devons revoir complètement notre système judiciaire et le reconstruire de manière à appuyer les collectivités et les individus. Il faut des programmes qui appuient la création d’emplois et l’équité en emploi pour les personnes racialisées, autochtones et noires. Il faut des lois fédérales, provinciales et territoriales rigoureuses. Il est aussi essentiel d’offrir une formation antiracisme à toute la population.
Mesures d’adaptation, soutien et dignité pour les personnes ayant un handicap
Chaque personne mérite de vivre dans la dignité et de contribuer à la société du mieux qu’elle le peut. Cependant, une forte proportion de personnes ayant un handicap sont incapables de trouver un travail qui tient compte de leurs besoins et mise sur leurs compétences. Le gouvernement fédéral a fait un premier pas important en adoptant la Loi canadienne sur l’accessibilité, mais il faudra un règlement strict pour en assurer l’application.
Tous les aspects de la société doivent être inclusifs et accessibles. Quelles que soient les capacités physiques, mentales ou cognitives des gens, tous doivent pouvoir y participer librement.
Égalité des genres
La pandémie a eu de très lourdes conséquences pour les femmes. Au cours des premiers mois, près de 1,5 million de Canadiennes ont perdu leur emploi, alors que leur participation à la population active a chuté à son plus bas niveau en 30 ans. De plus, la violence familiale a augmenté avec l’isolement. Les femmes les plus marginalisées, comme les femmes noires, racialisées, autochtones ou trans, ont été les plus durement touchées. Le gouvernement doit adopter un plan d’action national sur la violence familiale et mettre en place des soutiens financiers, des initiatives de sensibilisation et des services
de garde pour aplanir les inégalités hommes-femmes.
Égalité pour les personnes LGBTQ2+
La pandémie a aussi isolé davantage les personnes LGBTQ2+, les plaçant plus à risque de subir de la violence conjugale, de souffrir de dépression et d’en venir au suicide. Le gouvernement doit augmenter le soutien à la jeunesse, mettre fin à la thérapie de conversion et lutter contre l’homophobie et la transphobie. Il faut abolir la discrimination généralisée à l’égard des personnes trans et de genre variant, notamment en colligeant de meilleures données et en adoptant des politiques de sensibilisation pour mettre fin à la discrimination.
Régime fiscal équitable
Le Canada est un pays riche, mais une bonne part de cette richesse est concentrée dans les mains d’un petit nombre. Pour parvenir à la justice économique et sociale, il faut redistribuer la richesse, et les ultra-riches doivent assumer une plus grande part. Il n’y a pas de meilleur moment pour demander aux grandes entreprises de payer leur juste part en augmentant le taux d’imposition sur les bénéfices. L’argent aidera à financer les services de garde, l’assurance-médicaments et d’autres programmes qui profiteront à tout le monde.