L’Alliance de la Fonction publique du Canada (AFPC) et l’Union canadienne des employés des transports (UCET), un de ses Éléments, ont produit une vidéo qui présente les conséquences néfastes de la privatisation à grande échelle d’infrastructures publiques essentielles.
Unique port canadien en eau profonde dans l’Arctique, Churchill est une petite communauté du nord sur les rives de la baie d’Hudson, domicile de quelque 850 personnes. De par sa situation géographique, elle est inaccessible par la route, et donc tributaire des liaisons par chemin de fer, voie maritime et vols aériens. Cependant, son emplacement géographique en fait un endroit idéal pour un port, du fait de son accès à l’Atlantique Nord. Le port avait été conçu à l’époque comme « un grand projet d’édification de la nation », offrant une route plus directe vers l’Europe et garantissant au Canada une porte d’entrée stratégique sur l’Arctique.
Toutefois, plutôt que d’investir dans cette communauté et ce port stratégique, le gouvernement canadien a laissé tomber Churchill, ses citoyens et l’ensemble du Canada en laissant des entreprises privées s’en emparer, ce qui a entraîné des résultats désastreux.
En 1931, le gouvernement du Canada ouvrait le port de Churchill, en faisant ainsi un lieu majeur d’expédition du grain grâce à une voie ferrée reliant Churchill à d’autres régions du pays. Soixante-six ans plus tard, en 1997 exactement, le gouvernement Chrétien vendait le port à une entreprise privée américaine (OmniTRAX) pour la somme symbolique d’un dollar, sorte de bonus à l’achat du chemin de fer. En 2012, le gouvernement Harper procédait à la dissolution de la Commission canadienne du blé (CCB), ce qui entraîna une diminution dévastatrice des expéditions depuis Churchill. En 2016, OmniTRAX fermait le port (qui employait alors 10 % de la population de la ville) et réduisait de moitié le service ferroviaire. Les crues printanières de l’année suivante emportèrent les voies, forçant la fermeture de la seule liaison ferroviaire vers Churchill, l’isolant ainsi du reste du pays.
OmniTRAX refusa de réparer les voies, causant ainsi d’énormes difficultés aux résidents pendant plus d’une année.
Un consortium de Premières Nations, de communautés du Nord et une entreprise privée allièrent leurs forces et ressources pour acheter le port, réparer les voies, le tout grâce à un financement important du gouvernement fédéral.
Cette nouvelle entente, dorénavant un partenariat public-privé (P3), a permis au port de reprendre ses activités, aux trains de rouler de nouveau, et aux marchandises de circuler.
Il reste à confirmer si cette nouvelle entente va vraiment assurer des services et emplois durables pour la population de Churchill, ou bien si le P3 risque plutôt d’avoir des effets néfastes, comme cela a été le cas dans d’autres situations semblables.