DeSousa : après 9 ans, Phénix continue de hanter les fonctionnaires fédéraux

Lettre d’opinion de la présidente nationale de l’AFPC, Sharon DeSousa, publiée dans l'Ottawa Citizen et d’autres journaux de Postmedia (en anglais seulement)

Déjà neuf ans que des centaines de milliers de fonctionnaires fédéraux font les frais du fiasco Phénix. Neuf ans de payes erronées ou manquées, de stress, de difficultés financières et de promesses brisées. 

Il y aura bientôt une décennie que le gouvernement manque à son premier devoir : payer son personnel correctement et à temps. Lancé par les conservateurs en 2012, Phénix devait simplifier la rémunération de la fonction publique. Il aura plutôt chamboulé la vie des travailleuses et travailleurs, qui n’ont eu aucun répit depuis. 

Soyons francs : Phénix est un désastre depuis le début. On l’a déployé de façon précipitée malgré les problèmes, et ce sont les gens ordinaires et leur famille qui en ont payé le prix. Même après des investissements de trois milliards de dollars pour réparer les dégâts, il reste encore plus de 372 000 dossiers en attente – un nombre qui a à peine bougé ces cinq dernières années. À ce rythme, il faudra encore dix ans pour en venir à bout. 

Mais au-delà des statistiques, il y a le cauchemar au quotidien : des gens qui ont un loyer à payer, une famille à nourrir et des projets qu’ils ont dû mettre sur pause. J’ai parlé à plusieurs personnes, et chacune a son histoire d’horreur. Certaines ont dû vendre leur maison ou leur voiture pour compenser l’absence de paye. D’autres ont dû reporter l’achat d’une maison ou le remboursement de leur prêt étudiant, devant se battre avec leur employeur pour se faire payer. Des personnes qui ont pris leur retraite ont dû attendre jusqu’à cinq ans pour obtenir leur dernière paye. C’est malheureusement la réalité de beaucoup de fonctionnaires fédéraux.  

Mais Phénix n’est pas qu’un fiasco : c’est aussi le symptôme d’un problème plus grave. Pendant des années, le fédéral a relégué son personnel au second plan en sous-traitant des tâches essentielles, érodant ainsi les services publics qui nous sont indispensables. Plutôt que d’investir dans les gens qui font fonctionner le pays, il a signé de coûteuses ententes avec ses amis du secteur privé et réduit de façon irresponsable la fonction publique, compromettant ainsi l’assurance-emploi, la sécurité aux frontières et la salubrité des aliments. Les fonctionnaires en ont assez des justifications. Ils veulent des actions concrètes, à commencer par une paye correcte et à temps. 

Le gouvernement continue de tester Dayforce, le système qui devrait remplacer Phénix, mais on est encore à des années d’un lancement. Nous avons demandé à nos membres d’assister aux démonstrations réalisées partout au pays, et déjà, une série de problèmes potentiels les ont fait sourciller. Le gouvernement doit tirer des leçons de Phénix s’il ne veut pas répéter ses erreurs. La dernière chose dont les travailleuses et travailleurs ont besoin, c’est d’une autre décennie de problèmes de paye. 

C’est pourquoi nous insistons pour que tout nouveau système soit rigoureusement mis à l’épreuve, déployé convenablement, et conçu avec le concours des personnes qui en dépendent. Finissons-en des raccourcis et des gaffes! 

À l’aube des élections fédérales, nous demandons à tous les partis politiques de prioriser les services publics et de proposer un vrai plan pour mettre un terme une fois pour toutes au fiasco Phénix. Personne ne devrait avoir à se battre pour se faire payer correctement et à temps. 

Le temps des promesses vides est révolu. L’heure est à un réel leadership, fondé sur l’action et la responsabilité.  

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4 Mars 2025