En réponse aux consultations menées par le ministère des Finances sur son budget, l’AFPC a publié un mémoire dans lequel elle recommande au gouvernement de mettre en place des programmes et des investissements qui permettront aux Canadiennes et Canadiens de trouver un avenir meilleur et plus stable au sortir de la pandémie.
La COVID‑19 nous a rappelé l’importance du gouvernement et de la fonction publique. Elle a fait ressortir les conséquences désastreuses d’années de sous-financement et de négligence croissante des valeurs qui les sous-tendent. Dans son budget, le gouvernement doit remédier aux iniquités exacerbées et mises au grand jour par la pandémie. Il doit donner à la fonction publique les moyens de mettre en chantier un vaste programme de reconstruction pour accroître la résilience du Canada. Il doit financer adéquatement les services essentiels, qui doivent être fournis ou réglementés par le secteur public. Alimentation, eau potable, sécurité du revenu, soins de santé, éducation… voilà des services essentiels qui doivent le rester.
En ce qui a trait aux inégalités systémiques, les femmes autochtones, noires, racialisées et handicapées, de même que les immigrantes au statut précaire et les personnes trans et non binaires, ont encore plus d’obstacles à surmonter et risquent de perdre bon nombre de gains durement acquis au fil des décennies. Comme société, nous ne pouvons tout simplement pas revenir au stade pré-pandémie, alors que nous avons l’occasion d’établir un meilleur équilibre. Le gouvernement doit prioriser le financement de nos infrastructures sociales.
Il est impératif que les nouveaux services soient fournis par le secteur public plutôt que par des entreprises privées. Quant aux services confiés à la sous‑traitance, il faut les rapatrier dans le giron public. La fonction publique est un puissant moteur économique. En cette période d’incertitude éprouvante, la fonction publique est bien placée pour offrir les meilleurs programmes à la population canadienne et stabiliser l’économie et le marché de l’emploi, à la condition bien sûr d’avoir les reins solides.
La durabilité de la reprise économique dépend de la capacité des travailleuses et travailleurs de retrouver leur pouvoir d’achat. Les femmes ont été particulièrement frappées par la pandémie. Pour que les parents de jeunes enfants puissent retourner au travail, il doit y avoir des services de garde abordables qui répondent à leurs besoins précis. Parce qu’il est fondé sur le marché, fragmenté et sous-financé, le réseau d’apprentissage et de garde des jeunes enfants était déjà fragile avant la pandémie. Le gouvernement doit investir 2 milliards de dollars annuellement pour mettre en place un réseau public abordable, inclusif et de grande qualité.
La pandémie a mis en relief la crise qui sévit dans le secteur postsecondaire. Comment peut-on offrir le meilleur enseignement et les meilleurs services aux étudiants sans le soutien d’un personnel stable? L’accès aux études postsecondaires est déjà hors de portée pour bon nombre, en particulier les personnes à faible revenu, qui ont un handicap ou qui sont racialisées, noires ou autochtones. C’est le moment ou jamais pour le fédéral d’injecter plus de fonds dans l’enseignement postsecondaire et de réduire la dette étudiante.
Il n’a jamais été aussi important d’investir dans notre capacité de mener des recherches fondamentales et appliquées et de s’assurer que le Canada peut participer pleinement à la recherche et au développement scientifique. L’incapacité de produire des vaccins dans le contexte actuel est un avertissement clair : le Canada ne peut dépendre d’autres pays pour la recherche ou la production dans ce domaine. Le gouvernement doit investir dans la recherche publique, et la première étape consiste à appliquer toutes les recommandations du rapport Naylor de 2017.
En adoptant ces recommandations et celles de notre mémoire, le gouvernement signalera son engagement et sa détermination à investir dans un avenir meilleur pour tous les Canadiens et Canadiennes.