Faible ratio de la dette publique par rapport au PIB assorti d’un déficit gérable. Ces deux éléments positifs auraient dû inciter les libéraux à investir dans la population canadienne. Certaines initiatives sont encourageantes, certes, mais le gouvernement aurait pu et aurait dû en faire plus pour améliorer le sort des Canadiennes et des Canadiens. Voici quelques faits saillants.
Phénix : les investissements ne sont pas à la hauteur
Le budget 2019 prévoit des sommes supplémentaires pour corriger le fiasco Phénix, mais c’est loin d’être suffisant pour mettre fin au cauchemar que vivent les fonctionnaires canadiens. Lire notre article à ce sujet.
Rien sur le travail précaire
Nous voulions que le gouvernement cesse de recourir aux agences de placement temporaire et aux contrats de travail occasionnel. Pourtant, il n’y a absolument rien dans le budget sur le travail précaire, les employés temporaires ou le Programme de contrats fédéraux.
Nous voulions aussi que le gouvernement mette sur pied un régime d’indemnisation pour que ces travailleuses et travailleurs ne sombrent pas dans la pauvreté s’ils se blessent au travail. Pourtant, il n’y a absolument rien dans le budget à ce sujet.
Investir dans les services publics
Nous accueillons favorablement les investissements, quoique modestes, consentis pour embaucher du personnel supplémentaire à Service Canada, au Programme d’assurance-emploi, à l’Agence du revenu du Canada et à IRCC. Une telle mesure améliorera certainement les services offerts à la population. L’AFPC a quand même averti le gouvernement : les nouveaux employés doivent être embauchés comme des fonctionnaires, pas comme des travailleurs temporaires.
Nous accueillons aussi favorablement les 55 millions de dollars débloqués par année pour mettre en œuvre la stratégie en matière de protection frontalière. Grâce à cet investissement, nos membres à l’ASFC auront le soutien et la formation dont ils ont besoin pour faire leur travail.
Privatisation des infrastructures publiques
Nous voulions que le gouvernement abandonne les partenariats public-privé (PPP), qui ont été loin de produire les résultats escomptés quand est venu le temps de bâtir d’importantes infrastructures communautaires. De plus, les PPP font grimper les coûts et les risques, qui sont immanquablement absorbés par les contribuables. Le budget est muet à cet égard.
Services de garde d’enfants abordables : la crise perdure
Aucun nouvel investissement dans les services de garde d’enfants. Le gouvernement se contente de répéter ce qu’il avait annoncé en 2016, ce qui est nettement insuffisant pour que toutes les familles aient accès à des garderies à prix abordable. Les parents canadiens devront donc continuer à payer des sommes exorbitantes et à mettre leur nom sur une longue liste d’attente dans l’espoir d’obtenir une place.
Quelques mesures pour l’égalité des genres
Le tout nouveau ministère des Femmes et de l’Égalité des genres reçoit 160 millions sur cinq ans. Le gouvernement répond ainsi aux organisations de femmes qui réclament depuis longtemps un financement adéquat de leurs activités sur le terrain.
Certains étudiants et stagiaires postdoctoraux auront maintenant droit à un congé parental payé de 12 mois. C’est une belle victoire pour les chercheurs, et surtout pour les chercheuses, en début de carrière. Mais, pour bien des travailleuses et travailleurs, la réalité est tout autre… et le budget ne propose absolument rien pour régler ce problème. En fait, la plupart des travailleuses et travailleurs indépendants ou ayant un emploi précaire n’ont même pas droit au congé parental offert par le programme d’assurance-emploi.
Le gouvernement versera 1,5 million de dollars de plus sur cinq ans afin d’aider les ministères et organismes à appliquer de façon rigoureuse une analyse comparative entre les sexes plus (ACS+) à toutes leurs initiatives. L’élaboration de cadres et d’outils normalisés pour la collecte de données sur l’ACS+ et l’établissement de rapports est une très bonne nouvelle.
De petits pas vers la réconciliation
L’enveloppe de 1,2 milliard destinée aux enfants des Premières Nations est une bonne chose, même si elle est loin d’être suffisante pour répondre aux besoins et même si le Tribunal canadien des droits de la personne, qui avait statué qu’Ottawa faisait preuve de discrimination envers les enfants des Premières Nations, a dû émettre sept ordonnances de non-conformité avant que le gouvernement n’agisse.
Le budget de 2019 propose un financement de 1,4 milliard de dollars pour renoncer à tous les prêts non remboursés consentis aux fins des négociations de revendications globales et pour rembourser les gouvernements autochtones qui ont déjà remboursé ces prêts. Pour mettre fin aux avis d’ébullition d’eau, le gouvernement investira 739 millions sur cinq ans. C’est bien, mais cela ne permettra pas au gouvernement de remplir la promesse faite en 2016, à savoir mettre fin aux avis d’ébullition dans les cinq ans.
Les femmes autochtones, délaissées par le budget
L’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées tire à sa fin, pourtant le budget 2019 ne prévoit rien pour les organismes de femmes qui mettront en œuvre les recommandations émanant de l’Enquête. C’est une lacune flagrante.
De l’aide pour les LGBTQ2+…
Les organismes communautaires de soutien aux LGBTQ2+ se partageront 20 millions de dollars sur deux ans. Le budget ne précise pas, toutefois, comment les fonds seront distribués ni quels enjeux auront la priorité. Le Secrétariat LGBTQ2+ recevra 1,2 million en 2020-2021, ce qui lui permettra de poursuivre ses activités avec des intervenants de partout au pays.
… et pour les membres racialisés
Le budget comporte deux mesures intéressantes pour les groupes racialisés : l’adoption d’une stratégie de lutte contre le racisme et la création d’un secrétariat de lutte contre le racisme pangouvernemental. Le gouvernement y injectera 45 millions sur trois ans. Nous espérons qu’il intégrera les recommandations de l’AFPC sur la mise en œuvre de mesures d’équité en matière d’emploi, de processus de dotation accessibles et transparents et de réconciliation avec la communauté autochtone. Autre bonne nouvelle : le budget de 2019 prévoit 25 millions de dollars sur cinq ans pour des projets visant à célébrer les communautés dynamiques des Canadiens noirs, échanger des connaissances avec elles et renforcer leurs capacités.
Immigration et aide aux réfugiés : bilan mitigé
Nous accueillons favorablement les 283,1 millions de dollars débloqués sur deux ans pour offrir une couverture temporaire de soins de santé dans le cadre du Programme fédéral de santé intérimaire aux réfugiés et aux autres demandeurs admissibles.
Nous accueillons tout aussi favorablement les amendements qui seront apportés à la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés en vertu desquels les immigrants et les réfugiés ne devront plus passer de longues périodes dans les centres de surveillance de l’Immigration.
Nous voyons d’un bon œil le financement accordé aux centres d’appel d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC). Grâce à cet argent supplémentaire, IRCC pourra répondre plus rapidement aux demandes de renseignements. Toutefois, compte tenu des difficultés que rencontrent les nouveaux arrivants, c’est loin d’être suffisant.
Personnes ayant un handicap : un financement attendu depuis longtemps
Nous accueillons favorablement le financement alloué à la mise en œuvre de la Loi canadienne sur l’accessibilité, notamment les 13,7 millions de dollars sur cinq ans, auxquels s’ajoutent 2,9 millions versés chaque année à Services partagés Canada, pour cerner, éliminer et prévenir les obstacles technologiques dans les milieux de travail du gouvernement fédéral. Nous voyons également d’un bon œil que le gouvernement débloque 12 millions pour des initiatives visant à améliorer les résultats en matière d’emploi chez les personnes atteintes d’une déficience intellectuelle ou des troubles du spectre de l’autisme. Grâce à ces investissements, le gouvernement éliminera peu à peu les nombreux obstacles que doivent surmonter les personnes ayant un handicap, qui sont sous-représentées dans la fonction publique fédérale.