Phénix, huit ans plus tard : les syndicats demandent un dédommagement additionnel pour ce fiasco qui n’en finit plus

Article d'opinion du président national Chris Aylward, publié le 28 février 2024 dans Le Droit.

Huit ans après le lancement désastreux du système de paye Phénix, le cauchemar se poursuit pour des dizaines de milliers de fonctionnaires fédéraux partout au Canada. Ce qui devait être un système fiable pour traiter la paye du plus grand employeur au pays n’est en fait qu’une interminable tragicomédie qui continue de causer de l’incertitude financière, de l’anxiété et du désarroi aux personnes touchées. 

Les fonctionnaires fédéraux n’ont connu aucune période de paye sans erreur importante depuis le lancement en 2016. 

Le gouvernement a plus d’une fois promis « d’arranger Phénix », mais huit ans plus tard, le délai moyen pour régler un problème de paye atteint deux ans. L’arriéré des mouvements de paye Phénix, qui ne fait qu’augmenter depuis 2021, dépasse maintenant les 444 000 cas, au dam des fonctionnaires.  

Aujourd'hui, il n'y a toujours pas de fin à la frustration et à l'anxiété que Phénix continue de causer. Plus de 56 000 dossiers de retraités et d'anciens employés attendent depuis deux ans ou plus la clôture de leur dossier de paie. Plus de 16 000 dossiers de travailleurs qui ont changé d'emploi ou de service et qui ne reçoivent toujours pas leur salaire exact. Des centaines de milliers de dossiers de travailleurs qui n'ont pas commencé à être payés à leur retour d'un congé de maternité ou d'invalidité, ou qui attendent leurs nouveaux taux de rémunération, des paiements rétroactifs ou d'autres sommes qui leur sont dues. 

Chaque période de paye vient avec de l’incertitude, et plusieurs appréhendent les conséquences d’une promotion ou de la retraite, le spectre Phénix planant toujours.  

Pour ajouter l'insulte à l'injure, après avoir admis que la prochaine solution potentielle pour Phénix n'arrivera pas avant des années, le gouvernement a détourné la seule véritable solution aux problèmes de rémunération actuels - le personnel de la rémunération - du traitement de l'énorme arriéré de problèmes de rémunération. Au contraire, il a entamé une récupération agressive des trop-payés versés à des dizaines de milliers de travailleurs, car la capacité du gouvernement à se faire rembourser cet argent expire au bout de six ans, à compter du lancement de Phénix en 2016. Aujourd'hui, en plus des problèmes de rémunération, les travailleurs reçoivent des lettres leur demandant de rembourser de l'argent dont ils ne peuvent même pas prouver qu'ils ont reçu - pour des erreurs de rémunération de Phénix qui n'étaient même pas de leur faute au départ. 

En 2019 et 2020, les syndicats fédéraux ont négocié un dédommagement pour le préjudice subi entre 2016 et 2020. Mais quatre ans plus tard, on ne voit toujours pas la lumière au bout du tunnel. Les fonctionnaires sont encore aux prises avec des problèmes, chaque paye leur rappelant la promesse non tenue du gouvernement. 

Le gouvernement a commencé à mettre à l’essai le système qui pourrait remplacer Phénix, mais on est encore à des années d’un lancement, et rien n’indique que l’histoire ne se répétera pas.  

Ça suffit.  

Les plus grands syndicats du Canada, qui représentent plus de 260 000 fonctionnaires, ont cette semaine formellement demandé au gouvernement de négocier un dédommagement additionnel pour les difficultés dont leurs membres sont victimes depuis 2020. Ces personnes méritent de recevoir un dédommagement jusqu’à ce que le problème soit réglé et qu’elles soient payées correctement et à temps, chaque fois. 

Le gouvernement ne doit pas seulement régler les problèmes de paye, mais aussi offrir un dédommagement adéquat et prouver qu’il est capable de remplir son obligation la plus fondamentale envers les personnes qu’il emploie.  

Nous avons remporté une victoire importante la semaine dernière en obtenant l’assurance que le dédommagement reçu sera libre d’impôt.  

Nous continuerons à demander au gouvernement qu’il accorde un dédommagement additionnel, qu’il embauche du personnel de rémunération afin d’éliminer l’arriéré de mouvements de paye et de stabiliser le système, qu’il cesse de recouvrer les trop-payés, et pour qu’il ordonne une enquête publique afin qu’un tel désastre ne se reproduise jamais. 

Il est incompréhensible qu'après huit ans, le système de paie Phénix demeure un échec lamentable de notre gouvernement qui bafoue le plus élémentaire des droits des travailleuses et travailleurs : celui de se faire payer correctement et à temps. 

Sujets: 

28 Février 2024