Depuis le Sommet de la terre tenu à Rio en 1992, de nombreux pays se rencontrent annuellement pour discuter des changements climatiques. Le secrétariat de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) est donc né en 1994. À la suite du protocole de Kyoto, plusieurs pays ont signé l’Accord de Paris (2015), qui vise à lutter contre les changements climatiques, tout en s’engageant à maintenir l’augmentation de la température mondiale en dessous de 2 °C et à mener des efforts pour limiter l’augmentation de la température à 1,5 °C au-dessus des niveaux préindustriels d’ici 2100. Pour ce faire, une rencontre annuelle se tient, connue sous le nom de Conférence des parties (COP), sous l’égide de l’ONU. La vingt-cinquième COP, ou COP25, a eu lieu à Madrid en décembre 2019. La conférence devait originalement se tenir au Chili. Toutefois, à cause d’une répression féroce du mouvement contestataire au pays, la COP a été déplacée à Madrid.
Par rapport aux niveaux préindustriels (1990 selon Kyoto), l’objectif est de réduire les gaz à effet de serre (GES) de 37,5 % d’ici 2030, de 50 % d’ici 2050 et de 100 % d’ici 2100. Parmi les impacts documentés des changements climatiques, soulignons les sécheresses, une augmentation de la fréquence et de l’intensité des événements climatiques extrêmes (ouragans, vagues de chaleur, pluies torrentielles), l’érosion des berges et la migration de certains vecteurs de maladie.
L’AFPC s’implique
Grâce à l’appui du Fonds de justice sociale de l’Alliance de la Fonction publique du Canada, pour la première fois en 2019, une représentante de l’AFPC, Caroline Couture, a participé à la COP en compagnie de représentants du CTC, de la FTQ et de la CSI. Au cours des années précédentes, le Fonds de justice sociale a soutenu la participation de membres à deux événements parallèles à la COP : le forum alternatif à la COP16 à Cancun en décembre 2010 et le forum parallèle « Un million d’emplois verts » lors de la COP17 à Durban, en Afrique du Sud, en 2011.
Les COP
Les Conférences des parties consistent en un rassemblement où se tiennent des conférences sur de multiples sujets (énergie, biodiversité, agriculture, etc.), parfois dans le cadre de journées thématiques, mais également sous forme de séances de négociation entre les pays, et portant sur des textes politiques décrivant les mécanismes de mise en œuvre de l’accord de Paris. Elles représentent également une occasion de réseautage (syndicats à l’international, ministres, députés, partis d’opposition, groupes de la société civile québécoise, canadienne et internationale) et de lobbying. En plus des états membres, neuf constituantes sont impliquées dans le dialogue dont les syndicats, les jeunes et les Autochtones.
Lors de la COP de 2019, l’Espagne était responsable de mettre en place un espace citoyen, la zone verte, afin de faciliter la participation de la société civile.
Vers une transition juste
Comme il est de plus en plus reconnu que la crise climatique imposera une transition économique, les syndicats et la société civile clament qu’elle doit se faire avec les communautés et les travailleurs, et non aux dépens de ceux-ci. La transition juste, qui consiste en une transformation de l’économie et des activités humaines dans une perspective de réduction de leur empreinte environnementale, tout en amenuisant le plus possible l’impact sur les emplois et les inégalités sociales, est déjà bien définie. Ce concept repose essentiellement sur le dialogue social et fait partie du plan stratégique de la CSI 2018-2022, aux côtés de la paix, de la démocratie, des droits, de la réglementation économique ainsi que de l’égalité. La question n’est donc pas de savoir en quoi elle consiste, mais plutôt comment elle doit s’opérer.
Certains États se sont engagés dans la voie de la transition en signant la déclaration à cet effet, dans l’optique de maintenir des emplois de qualité. Par exemple, les États peuvent offrir des mesures de protection sociale et participer à la formation des travailleurs qui verront la nature et les compétences en lien avec leur emploi se transformer. L’OIT a élaboré deux documents en ce sens, le premier relatant les difficultés émergentes et les facteurs propices à une transition juste, et le second résumant les principales conclusions. Lors de la clôture de la COP, le Canada n’avait toujours pas signé cette déclaration.
Les solutions
La crise climatique est reconnue de plus en plus comme étant avant tout une crise sociale. L’éducation, l’implication de la jeunesse, la participation de la société civile, les initiatives locales et communautaires et l’autonomisation (empowerment) font toutes partie, selon différents intervenants, des avenues essentielles. Plus que jamais, le financement doit être orienté vers des mesures d’adaptation et de mitigation. Les sociétés les plus résilientes seront celles où la diversité culturelle, le savoir traditionnel et de subsistance adapté aux réalités du territoire habité et des écosystèmes seront valorisés et mis de l’avant en parallèle avec des valeurs d’équité sociale.
Les événements associés à la pandémie de COVID-19 ont poussé des centaines d’organisations issues de la société civile à se regrouper afin d’établir des principes de relance juste, sur lesquels les gouvernements et les institutions devraient s’appuyer afin de tendre vers une économie viable. Ces principes regroupent les enjeux de santé, d’équité, de protection de l’environnement, de résilience et de solidarité. Le Centre canadien de politiques alternatives a d’ailleurs proposé un plan de relance alternatif pour le gouvernement fédéral (en anglais), en collaboration avec l’AFPC.
Le rôle des syndicats
Les changements climatiques (et les questions environnementales en général) présentent des enjeux économiques et de santé publique qui ont un impact direct sur les conditions de travail des membres (enjeux financiers et de SST) et sur les conditions de vie des communautés (santé publique et décisions politiques).
En plus d’agir en amont pour protéger les emplois vers une transition juste, les syndicats peuvent :
- contribuer à la formation des travailleuses et travailleurs;
- intégrer des clauses environnementales dans les conventions collectives;
- contribuer au réseautage entre entreprises (Économie circulaire);
- être à l’affût des possibilités d’innovation;
- transférer le fardeau d’agir vers les organisations et gouvernements plutôt que vers les individus.
N’oublions pas qu’au bout du compte, les travailleurs demeurent les experts de leurs milieux de travail.
Réf.
www.quebec.ca/en/health/advice-and-prevention/health-and-environment/the-health-effects-of-climate-change
www.canada.ca/en/services/environment/weather/climatechange/causes-effects.html