Jour de l’émancipation : des groupes d’activistes exhortent le fédéral à contrer le racisme anti-noir dans ses rangs

L’Alliance de la Fonction publique du Canada (AFPC), l’Association canadienne des employés professionnels (ACEP), le Secrétariat du recours collectif noir (SRCN) et la Coalition of Black Trade Unionists (CBTU) ont organisé une manifestation en face du Bureau du Conseil privé (BCP) pour demander des comptes à son administration, dans la foulée des rapports accablants ayant fait la lumière sur la culture de racisme anti-noir qui persiste derrière ses murs.

Dans un rapport obtenu en vertu de la Loi sur l’accès à l’information, le personnel du BCP décrit un milieu de travail ou les stéréotypes raciaux, les microagressions et la violence verbale sont choses du quotidien. Les personnes noires, autochtones et racialisées qui travaillent au BCP obtiennent moins de possibilités d’avancement et sont plus souvent reléguées à des postes temporaires et de moindre responsabilité que leurs collègues blancs.

Le Jour de l’émancipation souligne la libération, le 1er août 1834, des esclaves autochtones et noirs dans tout l’Empire britannique. Les communautés noires célèbrent cette journée depuis les années 1850, bien qu’elle n’ait été reconnue officiellement au Canada qu’en 2021.

« C’est l’occasion de réfléchir au legs de l’esclavage au Canada et d’honorer la force et la persévérance des communautés noires et autochtones durant des décennies de discrimination », explique Sharon DeSousa, présidente nationale de l’AFPC. « Mais aujourd’hui, nous nous trouvons une fois de plus devant des allégations de racisme anti-noir, cette fois dans le centre névralgique même de la fonction publique fédérale. »

« Alors qu’on devrait être en train de célébrer et d’apprendre, on doit une fois de plus demander des comptes et des changements après qu’une autre instance fédérale a laissé le racisme systémique s’installer dans ses rangs », déplore Nicholas Marcus Thompson, directeur général du SRCN. « Les fonctionnaires fédéraux noirs ont ras le bol des paroles vides du gouvernement. Ils réclament justice. »

« Le racisme anti-noir qui sévit dans la fonction publique du Canada constitue une violation grave de plusieurs lois internationales, notamment de la Déclaration universelle des droits de l’homme, du Pacte international relatif aux droits civils et politiques et de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale. C’est un affront aux principes d’égalité et aux engagements mondiaux en matière de droits de la personne. Nous exigeons donc des mesures immédiates pour rétablir la justice et faire respecter les droits fondamentaux de l’ensemble de la population », souligne David Matsinhe, directeur des politiques, de la représentation et de la recherche de la division anglophone d’Amnistie internationale Canada.

Voici les revendications de la coalition :

  • La démission de la sous-greffière Natalie Drouin, responsable du dossier de la discrimination depuis 2021, et la démission du secrétaire adjoint du Cabinet, Affaires et services ministériels, Matthew Shea.
  • La nomination d’une ou un commissaire à l’équité noire.
  • L’établissement d’un ministère des affaires afro-canadiennes pour centraliser la lutte contre le racisme anti-noir.
  • La reconnaissance des personnes noires comme groupe d’équité, conformément aux modifications à la Loi sur l’équité en matière d’emploi.

« C’est une honte que le gouvernement n’ait toujours pas réglé le Recours collectif noir », décrie Yolanda McClean, présidente de la CBTU. « Nous continuerons à lutter pour l’équité en matière d’emploi, la reconnaissance des personnes salariées noires dans les lois et la fin durable de la discrimination et du racisme sous toutes leurs formes. »

« Malgré l’abolition de l’esclavage il y a 190 ans, les idées destructrices de suprématie blanche et d’infériorité des personnes noires et autochtones persistent dans notre société et nos institutions », affirme Nathan Prier, président de l’ACEP. « La discrimination systémique est si solidement ancrée dans l’administration publique du pays qu’aucun organe gouvernemental n’y échappe. En ce Jour de l’émancipation, nous tenons tête au gouvernement et lui faisons comprendre que nous ne resterons pas les bras croisés face aux actes de racisme flagrants. »

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1 Août 2024