Apprendre à lâcher prise pour enseigner à distance

Lorsqu’il a accepté d’enseigner un cours sur les mouvements sociaux à l’automne 2020 à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), Luc Chicoine se doutait bien que son cours se donnerait à distance.

« Quand j’enseigne, j’essaie d’être proche des étudiants, de créer une conversation. Ma grande crainte, c’était de parler tout seul. »

Le chargé de cours et membre de l’AFPC a dû s’adapter pour créer une expérience agréable, tant pour ses étudiants que pour lui. Il a choisi de filmer ses cours à partir d’une salle de classe de l’université. 

« Ça m’a donné une certaine routine et j’étais rassuré technologiquement. Ça m’a enlevé beaucoup de pression. »

Mais même à distance, il a constaté les angoisses des étudiants. 

Conciliation études-travail-famille, dépendance à la technologie, difficultés avec les consignes : voilà quelques exemples des défis auxquels les étudiants ont fait face. Jeune père de famille et doctorant en sociologie, Luc comprenait bien leur réalité. 

Il a dû apprendre à lâcher prise. Parfois, seule une poignée d’étudiants avaient leur caméra ouverte durant son cours. « Il faut apprendre à décrocher. J’ai appris à créer le meilleur lien possible avec ceux qui participaient. »

À distance, les étudiants ont perdu la dimension sociale de leur apprentissage. « Quelqu’un chez lui qui écoute un vidéo, pour moi, ce n’est pas un étudiant. C’est un bout d’étudiant. » Il a tenté de recréer des espaces de discussions, ce qui n’était pas toujours facile à travers un écran d’ordinateur.

Il leur a laissé la place aussi, quand est venu le temps d’avoir des discussions difficiles, par exemple lors de la vague de dénonciations d’agressions et d’inconduites sexuelles au Québec. « Je fermais le son et je partais pour les laisser discuter entre eux. Ils m’en ont été reconnaissants. »

Malgré les obstacles, Luc estime que l’enseignement virtuel s’est bien passé, attribuant en grande partie cette réussite au travail acharné des chargés de cours et des auxiliaires d’enseignement. Maintenant, il se tourne vers l’avenir, alors que l’UQAM prépare un possible retour en personne dans les prochains mois.

Dès le début de la pandémie, l’AFPC s’est assurée que les contrats de travail de nos membres du secteur universitaire soient respectés et que leur transition vers l’enseignement virtuel se fasse sans heurts.

Collaboratrice : Rosane Doré Lefebvre

21 Mai 2021