L’AFPC renouvelle sa demande d’offrir une formation obligatoire sur le racisme, le harcèlement et la discrimination systémiques à la fonction publique fédérale, demande que le Conseil du Trésor a catégoriquement rejetée à la table des enjeux communs en décembre.
Cette formation à l’intention de tous les fonctionnaires, gestionnaires compris, serait animée selon une approche intersectionnelle et porterait sur des questions importantes comme la lutte contre l’oppression et la discrimination, le harcèlement et la violence en milieu de travail, et l’histoire des peuples autochtones, pour donner suite à l’appel à l’action no 57 de la Commission de vérité et de réconciliation.
L’employeur a fait part de sa décision, on ne peut plus incohérente, quelques jours seulement après que le gouvernement fédéral a présenté des excuses publiques pour les torts causés par des décennies d’abus de pouvoir et de harcèlement sexuel et professionnel à la Défense nationale, et qu’il a promis de consacrer 40 milliards de dollars à la protection des enfants autochtones.
« Le Conseil du Trésor est tout simplement malhonnête. D’un côté, il s’engage à faire mieux et, de l’autre, il minimise l’importance de cette formation obligatoire », s’indigne Chris Aylward, président national de l’AFPC. « Il doit se brancher : soit il est pour le changement tant attendu dans la fonction publique, soit il est contre. Malheureusement, son rejet généralisé de nos demandes de formation laisse penser qu’il est contre. »
Le Conseil du Trésor nous a répondu qu’il disposait déjà de nombreuses ressources pour les fonctionnaires, ajoutant qu’il ne voyait aucun intérêt à inscrire la formation dans les conventions collectives, malgré son engagement ferme envers les enjeux visés. Or, les cours qu’offre présentement le gouvernement sont souvent facultatifs et ce ne sont pas tous les fonctionnaires fédéraux qui les suivent. Il en résulte donc d’énormes lacunes en matière de sensibilisation, lacunes qui peuvent et doivent être corrigées au moyen d’une formation obligatoire pour tout le personnel.
Le sondage auprès des fonctionnaires fédéraux de 2020, mené par le gouvernement, révèle l’importance d’offrir une formation approfondie sur ces questions cruciales. Environ 56 % des personnes sondées n’étaient pas satisfaites du traitement de leurs préoccupations ou de leurs plaintes concernant le racisme en milieu de travail. Parmi les répondants victimes de discrimination, 28 % ont subi une discrimination fondée sur la race, dont 77 % de la part de leurs supérieurs.
Des résultats similaires sont ressortis du sondage sur les revendications contractuelles mené auprès des membres de l’AFPC en 2021. En effet, 35 % des répondants ayant déclaré appartenir à un groupe d’équité ont dit avoir été victimes de discrimination dans la fonction publique fédérale, et le tiers d’entre eux ont répondu que la discrimination a nui à leur avancement professionnel au gouvernement. Il n’y a pas lieu de s’en étonner : les recours collectifs intentés récemment par des fonctionnaires noirs et autochtones (en anglais seulement) en sont la preuve.
Les résultats sont sans équivoque : le gouvernement est très loin d’avoir résolu les problèmes de discrimination et de harcèlement dans la fonction publique fédérale, et les ressources facultatives qu’offre actuellement le Conseil du Trésor à son personnel ne sauront pallier ce manquement.
L’AFPC poursuivra sa lutte pour que les employeurs s’efforcent d’enrayer le racisme systémique. Et, l’une des solutions est d’offrir une formation obligatoire et intersectionnelle sur la lutte contre l’oppression et la discrimination à tous les fonctionnaires. Il s’agit d’un outil important et indispensable que nous continuerons de réclamer à la table.
L’équipe de négociation des enjeux communs rencontrera de nouveau l’employeur du 1er au 3 février.