Mai est le Mois du patrimoine asiatique au Canada, une occasion de célébrer la contribution des personnes d’ascendance asiatique. Cette année, c’est aussi l’occasion de nous sensibiliser à certains des défis qu’elles doivent relever en matière de racisme dans le contexte de la pandémie mondiale.
Vague d’incidents racistes pour les Asiatiques de l’Est
Le racisme a ressurgi de plus belle au Canada avec l’arrivée de la pandémie de COVID-19, qui aurait émergé en Chine et servi de catalyseur.
Comme ce fut le cas lors de la crise du SRAS en 2003, le racisme anti-asiatique grimpe partout au Canada depuis l’émergence de la pandémie actuelle. Les personnes d’origine asiatique vivant au pays ont déclaré être victimes de harcèlement dans leurs communautés et leurs milieux de travail, que ce soit par des propos racistes, des agressions physiques ou du racisme à l’endroit du personnel de santé de première ligne, qui tente pourtant de sauver des vies.
Selon un sondage mené dans les trois principales villes du Canada, une personne sur cinq ne se sent pas en sécurité de s’asseoir à côté d’une personne asiatique dans l’autobus. Au Québec, la hausse des cas de harcèlement à l’endroit des personnes d’origine asiatique a incité la Commission des droits de la personne du Québec à faire la mise en garde suivante : « La lutte contre la pandémie ne doit servir de justification à aucune forme de discrimination. »
Récemment, c’est l’aspirant à la chefferie du Parti conservateur fédéral, le député Derek Sloan, qui a fait preuve de racisme en demandant publiquement si l’administratrice en chef de la santé publique du Canada, la Dre Theresa Tam, d’origine asiatique, « travaillait pour la Chine » et non pour le Canada. De plus, il a exigé son renvoi au nom de la « souveraineté » du Canada. Le premier ministre n’a pas tardé à qualifier ces propos de racistes, mais le chef du Parti conservateur, Andrew Scheer, et d’autres aspirants à la chefferie ont refusé de le faire.
Afin de lutter contre le racisme anti-asiatique, le Conseil national sino-canadien pour la justice sociale a dû lancer la campagne Stop the Spread pour contrer la désinformation qui se répand sur Internet. Le Centre de recherche-action sur les relations raciales a lancé une campagne semblable.
L’AFPC appelle le gouvernement fédéral à accroître immédiatement son soutien, y compris par des investissements publics, aux initiatives de lutte contre le racisme anti-asiatique et à condamner rapidement tout acte de racisme envers les Asiatiques.
Sud-Asiatiques : risques financiers et pour la santé accrus découlant de la COVID-19
Les Sud-Asiatiques sont des personnes plus vulnérables à la COVID-19, car elles souffrent davantage de diabète, d’hypertension et de maladies cardiaques, ce qui les rend plus à risque de complications. De nombreux Asiatiques, dont les Sud-Asiatiques, vivent dans des ménages multigénérationnels, si bien que les personnes âgées sont plus à risque d’infection.
Tout comme les autres personnes racialisées, les personnes asiatiques sont surreprésentées dans les emplois précaires du secteur de la santé, du transport et des services. Elles sont donc en contact étroit avec le public durant la pandémie.
Malheureusement, le Canada ne recense aucune donnée selon la race pour les personnes testées positives à la COVID-19 ou qui en sont décédées. Les autorités sanitaires ont manifesté peu d’intérêt à recueillir et à publier de telles informations. En Ontario, le médecin hygiéniste en chef a écarté cette possibilité, malgré les pressions des différentes associations de santé publique. Pourtant, selon des recherches préliminaires émanant du Royaume-Uni, les Sud-Asiatiques et d’autres groupes minoritaires ont des taux de décès plus élevés à la COVID-19 que d’autres groupes.
Heureusement, le bureau de santé publique de Toronto a entrepris sa propre collecte de données durant la pandémie, y compris les données selon la race. Comme le mentionne le président du Bureau de santé de Toronto, Joe Cressy : « C’est absolument essentiel d’avoir un portrait détaillé afin de comprendre pleinement la COVID-19 et d’intervenir efficacement. Sans une ventilation des données selon la race, on ne peut réagir adéquatement. » [Notre traduction]
De plus, comme le marché de l’emploi s’effrite, de nombreux Sud-Asiatiques sont confrontés à une crise économique. Par exemple, un sondage national mené en avril 2020 par l’Association des études canadiennes révèle que les Sud-Asiatiques sont parmi les plus vulnérables financièrement en raison de la pandémie – perte de revenus et difficulté à payer le loyer et les factures.
L’AFPC demande à tous les gouvernements canadiens d’entamer rapidement la collecte de données agrégées selon la race afin de mieux comprendre l’incidence de la COVID-19 sur les communautés racialisées et de veiller à la mise en œuvre d’interventions adéquates.
Dénoncer et s’entraider
L’AFPC rappelle à tous ses membres, y compris ceux d’origine asiatique, qu’ils peuvent compter pleinement sur l’appui de leur syndicat lorsqu’ils sont victimes de racisme en milieu de travail. Elle les invite aussi à rester vigilants au travail et à dénoncer les opinions et les gestes racistes.
Mois du patrimoine asiatique – son origine
Différentes communautés du pays célèbrent le Mois du patrimoine asiatique depuis les années 1990. En décembre 2001, la sénatrice Vivienne Poy, une Canadienne accomplie d’origine asiatique, a présenté une motion au Sénat pour désigner le mois de mai Mois du patrimoine asiatique au Canada. En mai 2002, le gouvernement a créé officiellement cette célébration.