La certification biologique, avantageuse ou non pour les petits producteurs de café?
Par Addison Herman
Dans le cadre de notre visite au Guatemala, nous avons rencontré Neydi Juracán, coordonnatrice nationale de l’organisme Comité Campesino del Altiplano (CCDA), qui nous a parlé des nombreux défis auxquels font face les petits caféiculteurs pour vivre de leur produit. Beaucoup cultivent le café de façon biologique, mais la certification connexe s’obtient à fort prix. En revanche, la certification biologique permet de toucher plus d’argent par kilogramme vendu que la vente de café non certifié.
On nous a entre autres expliqué comment le CCDA aide les producteurs à tirer profit de la production biologique sans certification officielle. Le CCDA a collaboré avec le groupe de solidarité canadien BC CASA pour créer la marque Café Justicia. BC CASA importe au Canada le Café Justicia produit par les membres du CCDA et traite le café biologique non certifié comme un café de transition et paie un prix supérieur à celui du marché, qui est déterminé lors de discussions avec le CCDA et qui tient compte des coûts de production et d'un salaire juste. Ce café est distribué partout au Canada par des organisations sociales et syndicales telles que l'AFPC.
Les petits producteurs doivent-ils obtenir la certification? La question fait l’objet de débats depuis des décennies. Une étude de 2022 révèle que même si la clientèle perçoit différemment la valeur d’une marque, l’étiquette biologique, elle, est un gage de rentabilité, puisqu’elle établit une norme. La même étude suggère que cette étiquette a encore plus d’importance pour les marques peu connues.
Par ailleurs, selon d’autres études menées en Amérique centrale, la plupart des producteurs ayant la certification biologique ne vendent pas tout leur café au prix du biologique, donc la certification génère souvent des profits limités.
La certification équitable, autre option pour les petits producteurs, confère des avantages économiques en faisant le pont entre les producteurs et les marchés spécialisés. Elle suppose aussi la protection de l’environnement à toutes les étapes de production. En associant les certifications équitable et biologique, on obtient des avantages tangibles, autant pour l’environnement que pour la réduction de la pauvreté. Cette approche est avantageuse non seulement pour les caféiculteurs, mais aussi la communauté et de la région en général.
Il est essentiel que les petits producteurs de café puissent bénéficier de la certification équitable, c’est-à-dire recevoir une juste rémunération pour leur travail et améliorer leurs conditions de vie, tout en contribuant à la protection de l’environnement à long terme. L’obtention de justes salaires par la certification équitable peut conduire à un développement rural, qui lui profitera à des communautés entières.
Addison Herman est présidente de la section locale 630 du SEIC d’Ottawa-Gatineau, copréside le Comité des jeunes travailleuses et travailleurs de l’AFPC-RCN et siège au Comité national des jeunes travailleuses et travailleurs du SEIC.