Le cauchemar Canada Vie : l’histoire de Bianca

La décision du gouvernement fédéral de passer à Canada Vie pour l’administration du Régime de soins de santé de la fonction publique est source de frustrations et de retards pour plus de 1,7 million de fonctionnaires fédéraux, actuels et retraités, et leurs personnes à charge. Pour illustrer leurs défis, nous présentons l’histoire de certains d’entre eux, et incitons tout le monde à faire pression sur le gouvernement pour qu’il corrige le tir. 

Pour Bianca*, cheffe de famille monoparentale et fonctionnaire fédérale demeurant au Yukon, s’y retrouver dans le système de santé est déjà un casse-tête, et puisqu’elle doit voir un spécialiste pour une maladie chronique, c’est encore plus compliqué. Comme les spécialistes de la Colombie-Britannique se rendent dans le territoire selon un calendrier prédéterminé, les rendez-vous se font rares. 

Si Bianca doit régulièrement composer avec ces difficultés, c’est parce qu’elle a un problème neurologique qui nécessite l’administration d’injections par un spécialiste. Sans assurances, ces injections – qu’elle reçoit quatre fois par année – lui coûteraient un peu plus de 1 000 $ par rendez-vous. 

Sa situation s’est maintenant aggravée avec le passage à Canada Vie. En effet, le 1er juillet, elle a pris la décision, bien malgré elle, de retarder ses injections parce qu’elle ne sait pas si elle sera remboursée ou quand elle le sera si elle en assume elle-même les coûts. 

Après deux ans d’attente pour voir un spécialiste, Bianca obtient enfin un rendez-vous, deux semaines avant la transition prévue vers Canada Vie. Voulant s’assurer que le coût salé de son traitement sera remboursé sans problème, elle tente d’obtenir une préapprobation. Résultat? Silence radio. Elle décide donc de prendre les choses en main. Après un mois de formalités, elle réussit à trouver elle-même les formulaires, les remplit et les fait signer par le neurologiste, puis les envoie au nouvel assureur en août. 

En septembre, Bianca n’a toujours pas de nouvelles. Elle a recours au courriel, à la fonction de clavardage en ligne et même à Facebook pour joindre l’assureur, mais sans succès. Lorsqu’elle arrive enfin à parler à quelqu’un, on lui dit que le formulaire de préapprobation n’a pas été reçu; elle l’envoie par télécopieur à quatre reprises avant que la compagnie le reçoive enfin. Elle ajoute : « On ne peut même pas m’expliquer pourquoi le processus est si compliqué. Là, il faut que je prenne un après-midi de congé pour me rendre à la pharmacie et imprimer plein de documents. Et je n’ai toujours pas d’approbation. C’est un vrai cirque! » Depuis, c’est de nouveau silence radio. Elle doit vivre depuis quatre mois avec des douleurs chroniques parce qu’elle n’a pas les moyens de recevoir les injections sans assurances. 

Pour l’instant, Bianca prend un autre médicament quand la douleur devient insupportable. Or, ce médicament est aussi très coûteux, et elle se demande ce qu’elle fera lorsqu’elle n’en aura plus. Son expérience avec Canada Vie la porte pas à croire qu’elle ne sera pas remboursée. 

L’histoire de Bianca est celle de dizaines de milliers d’autres fonctionnaires qui font face à des problèmes depuis la transition et ont l’impression que leur assureur et le gouvernement fédéral – leur employeur – les abandonnent. 

Les fonctionnaires ont un difficile choix à faire : payer leurs factures, obtenir leurs médicaments ou vivre dans la douleur. Cette situation est révoltante, car les travailleuses et travailleurs cotisent au Régime et ont le droit de profiter de ses avantages quand ils en ont besoin. 

Il est clair que le gouvernement n’a tiré aucune leçon du fiasco Phénix et continue de mal gérer la mise en place de services essentiels pour son propre personnel. C’est le gouvernement fédéral qui a pris la décision de confier le contrat à cet assureur; c’est donc à lui d’exiger des comptes pour les nombreux problèmes subis par les membres. 

Si la transition vous cause des difficultés, écrivez à votre député fédéral pour l’inciter à convaincre Anita Anand, présidente du Conseil du Trésor, et Yves Duclos, ministre de Services publics et Approvisionnement Canada, de mettre Canada Vie au pas. 

*Par crainte de représailles, cette membre a demandé l’anonymat. L’AFPC a choisi un pseudonyme.

 

Sujets: 

3 Novembre 2023