Budget fédéral : aucun investissement à long terme dans les services publics

La crise sanitaire nous a montré qu’une fonction publique squelettique combinée au recours à la sous-traitance et aux emplois précaires met la population canadienne à risque en temps d’urgence. L’AFPC a d’ailleurs recommandé que le plan de relance du gouvernement prévoie des investissements adéquats dans la fonction publique pour lui donner les moyens d’offrir les programmes qui permettront de combler les lacunes socioéconomiques et de bâtir un pays plus fort et plus résilient.  

Malheureusement, le budget fédéral de 2021 ne répond pas à nos attentes. Plutôt que de financer adéquatement la fonction publique afin d’assurer la relance, il n’offre que des expédients. 

Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) 

Nous nous réjouissons que le gouvernement allonge une somme importante – 84 millions de dollars – à l’ACIA afin qu’elle puisse garder les inspecteurs embauchés pour résorber l’arriéré d’inspections causé par la COVID-19. Mais nous nous inquiétons que ce financement expire à la fin de l’année budgétaire 2022-2023. La pandémie nous a enseigné une leçon très importante : les systèmes qui ont échoué durant la présente crise doivent être améliorés de façon permanente avant qu’une autre urgence sanitaire ne survienne. Au début de la pandémie, nous avons bien vu que pour assurer la salubrité de nos aliments, il nous fallait un système de production alimentaire stable et sécuritaire et d’inspections. Lorsque des inspecteurs ont dû s’isoler, il y a eu des ratés au moment où nous en avions le plus besoin. Pourquoi? Parce qu’il manque d’agents d’inspection des aliments. Retourner à des effectifs réduits n’est pas une option viable.  

Emploi et Développement social Canada (EDSC) 

Le budget de 2021 propose d’investir 298 millions de dollars sur trois ans, par l’entremise d’EDSC, dans un nouveau programme de littératie et de numératie baptisé « Compétences pour réussir ». Ce programme remplace ceux éliminés par Harper lorsqu’il était au pouvoir. Le budget prévoit aussi la mise en œuvre de plusieurs autres programmes de formation et de développement des compétences, toujours sous l’égide d’EDSC. Espérons que le Ministère augmentera son effectif pour administrer ces programmes, directement ou par le biais de la distribution de subventions, et que le gouvernement recrutera suffisamment de personnel pour offrir ces nouveaux programmes. 

Programme du travail 

Il n’est aucunement question dans le budget d’améliorer les services d’inspection du Programme du travail. Vu le nombre important d’éclosions de COVID-19 dans les lieux de travail au Canada, y compris dans certaines installations du gouvernement (Postes Canada, par exemple), il est crucial que le personnel du Programme du travail puisse inspecter les lieux de travail de façon proactive, traiter rétroactivement les plaintes et réinspecter les lieux de travail où il y a eu des infractions. L’AFPC le demande depuis longtemps et se permet de souligner que la recommandation se fonde sur l’analyse des besoins faite par l’équipe du Programme du travail elle-même.  

Accès à l’information 

Enfin, le budget prévoit un investissement nécessaire pour améliorer les services d’accès à l’information en ligne. Mais on peut se demander si cet investissement de 13 millions de dollars, qui prendra fin dans trois ans, entraînera l’embauche d’agents d’accès à l’information dans de nombreux ministères. Le recours aux agences de placement temporaire pour combler ces postes a augmenté considérablement et continue de s’intensifier. Or, cette pratique va à l’encontre des recommandations formulées par le Comité des ressources humaines de la Chambre des communes dans son rapport sur le travail précaire paru en 2019. Il en coûtera plus cher au gouvernement que d’embaucher des fonctionnaires pour remplir ces rôles et la qualité du service plantera. Qu’en est-il de l’engagement du gouvernement à faire preuve de transparence et à faciliter l’accès aux données? 

Le gouvernement doit s’engager dès maintenant à tirer les leçons de la pandémie et financer la fonction publique de façon qu’elle puisse concevoir et offrir les programmes dont la population canadienne a besoin. Lorsque surviendra une autre urgence catastrophique, le gouvernement ne doit pas, encore une fois, recourir à des contractuels et des travailleurs temporaires pour fournir des services qui auraient déjà dû être en place.  

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6 Mai 2021