L’AFPC accueille favorablement les mesures prises par le gouvernement fédéral dans son budget 2021 pour répondre aux besoins des Canadiennes et Canadiens les plus durement touchés par la pandémie.
Notre syndicat est également très heureux de l’investissement significatif consenti aux services de garde d’enfants, de l’engagement à établir enfin le salaire minimum à 15 $ et des ressources affectées à la lutte contre le racisme dans la fonction publique fédérale et au-delà.
« Cet investissement historique est une vraie bouée de sauvetage pour les parents d’un bout à l’autre du pays qui doivent débourser des frais exorbitants pour faire garder leurs enfants », déclare Chris Aylward, président national de l’AFPC. « C’est une grande victoire pour notre syndicat et pour tous ceux et celles qui se battent depuis des décennies afin d’obtenir des services de garde accessibles et abordables. Nous ferons en sorte que le gouvernement respecte ses engagements. »
Le programme permettra aux parents, et surtout aux femmes qui ont porté une grande part du fardeau de la pandémie, de réintégrer le marché du travail et de contribuer à la relance économique.
En élargissant l’aide d’urgence offerte, notamment par l’entremise du nouveau Programme d’embauche pour la relance économique, le gouvernement reconnaît que les membres de l’AFPC ont fait un excellent travail quand est venu le temps de fournir des services critiques à la population canadienne, preuve que la fonction publique joue un rôle de premier plan dans la société.
« Maintenant plus que jamais, les Canadiennes et Canadiens ont besoin de savoir qu’ils pourront payer leurs factures, même si la pandémie les empêche de trouver du travail », ajoute Chris Aylward. « Les fonctionnaires n’ont pas hésité à se porter au secours de leurs concitoyens à un moment critique et ils continueront de fournir l’aide financière sur laquelle comptent les travailleurs et travailleuses.
Il est toutefois décevant que le gouvernement ait négligé son engagement à créer un régime universel d’assurance médicaments. La population a besoin plus que jamais d’un tel régime, car les travailleurs et les travailleuses continuent de perdre l’accès à la couverture des médicaments d’ordonnance en raison des pertes d’emploi liées à la pandémie.
Le gouvernement continue également de financer d’importantes infrastructures communautaires en s’en remettant à la Banque canadienne d’infrastructure et à l’augmentation du financement social, faisant ainsi passer les profits des entreprises privées avant les besoins de la population.
« Privatiser les biens et les services publics coûte plus cher, donne de moins bons résultats et pose toutes sortes de risques pour la sécurité. Qui en fait les frais? Le gouvernement et les contribuables », conclut Chris Aylward.
Voici d’autres faits saillants du budget.
Lutte contre le racisme systémique et anti-noir
La pandémie a levé le voile sur le racisme systémique – dont le racisme anti-noir, anti-autochtone et anti-asiatique – qu’on retrouve dans les lieux de travail, le système de justice pénale, le milieu des soins de santé et d’autres institutions du pays. Dans son budget, le gouvernement a proposé des premières mesures encourageantes pour le combattre : financement d’organismes de lutte contre le racisme motivé par la haine; financement favorisant les avancées sociales et économiques dans les communautés noires; soutien aux organismes sans but lucratif dirigés par des Noirs. Le gouvernement financera aussi les efforts visant à résoudre le problème de la surreprésentation des jeunes autochtones, noirs et racialisés dans le système de justice.
Le budget prévoit également 172 millions de dollars sur cinq ans pour la mise en œuvre du Plan d’action sur les données désagrégées, qui servira à combler les lacunes dans les données et les connaissances en matière d’emploi, de justice pénale et de services sociaux. L’AFPC a réclamé ces données parce qu’elles sont essentielles pour comprendre les disparités entre les communautés en quête d’équité. Toutefois, la portée doit être élargie pour inclure d’autres facteurs identitaires, notamment le handicap, la religion, l’orientation sexuelle et l’identité de genre. Il faut aussi privilégier une analyse intersectionnelle des données.
L’AFPC continuera de surveiller ces initiatives pour s’assurer qu’elles sont mises en œuvre efficacement, avec la participation des communautés les plus directement touchées.
Communautés autochtones
L’AFPC applaudit au financement de plus de 18 milliards de dollars additionnels sur cinq ans pour les communautés autochtones. Ces fonds permettront d’améliorer l’éducation, les services de santé, l’accès à l’eau potable, les services à la famille et les infrastructures. Il est impératif que ces programmes soient dirigés par ces communautés, qu’ils répondent aux besoins particuliers de chacune d’elles et qu’ils reflètent une approche fondée sur les distinctions.
Cela dit, il faudra augmenter davantage le financement avant que soit comblé le fossé socioéconomique qui s’est creusé entre la population autochtone et non autochtone. Sans compter que nous attendons encore, deux ans plus tard, le plan d’action national pour mettre fin à la violence faite aux femmes et aux filles autochtones.
Secteur postsecondaire
Le budget ne répond pas aux besoins des membres de l’AFPC du secteur postsecondaire. Ce qui manque, et ce que nous avons exigé, c’est une augmentation des paiements de transfert, en particulier pour le financement des petites écoles, des nouvelles écoles et des écoles régionales, afin que les travailleurs universitaires n’aient plus besoin d’occuper des emplois précaires et que des crises comme celle de l’Université Laurentienne à Sudbury ne se reproduisent plus.
Toutefois, le gouvernement n’a pas oublié le monde étudiant. Il doublera le Programme canadien de bourses aux étudiants pendant deux années supplémentaires et offrira plus d’aide aux étudiants francophones et autochtones pour qu’ils puissent couvrir leurs frais de scolarité. S’ajoutera à ces mesures la prolongation de la dispense d’intérêts sur les prêts étudiants fédéraux jusqu’au 31 mars 2023. C’est un bon début et l’AFPC espère que ces mesures deviendront permanentes.
Phénix
Ça fait cinq ans que le système de paye Phénix donne des maux de tête aux fonctionnaires fédéraux. Ils ont besoin d’un système de paye qui fonctionne. Nous nous attendons du gouvernement qu’il continue à consulter ses fonctionnaires et les syndicats pendant la conception, l’essai et la mise en place du nouveau système.
Le budget prévoit 47 millions de dollars pour les activités visant à éliminer l’arriéré et le soutien aux membres de l’AFPC qui en assurent le traitement. Ils en auront besoin, car, cinq ans plus tard, cet arriéré s’élève à 94 000 mouvements de paye. Le gouvernement compte toujours éliminer l’arriéré Phénix d’ici décembre 2022.
Femmes et équité entre les genres
Il est encourageant de voir que le budget 2021 donne la priorité au bien-être économique des femmes en investissant dans des services de garde d’enfants universels, en promettant un plan d’action national sur la violence sexiste et en augmentant le financement des services de lutte contre la violence fondée sur le genre.
Le gouvernement a proposé 30 milliards de dollars sur cinq ans, ainsi qu’un financement permanent, pour les services universels de garde d’enfants. Ce plan pluriannuel repose sur une entente de partage égal des coûts avec les gouvernements provinciaux et territoriaux. D’ici cinq ans, les parents ne paieront que 10 $ par jour pour une place en garderie. Le gouvernement s’est aussi engagé à inscrire dans la loi les principes d’un système pancanadien de garde d’enfants dès cet automne et à créer un secrétariat fédéral responsable de l’apprentissage et de services de garde des jeunes enfants.
Cela contribuera à une reprise durable, car les parents pourront travailler et contribuer à l’économie. C’est surtout le cas des femmes – plus particulièrement celles issues des groupes d’équité – qui ont été le plus lourdement frappées par la pandémie.
Le logement abordable est une préoccupation de longue date, surtout pour les femmes et les enfants qui fuient la violence. L’AFPC voit d’un bon œil l’investissement de 2,5 milliards de dollars sur sept ans qui permettra de faire des progrès dans ce dossier.
L’AFPC est aussi heureuse du financement prévu pour l’établissement d’un secrétariat responsable du Plan d’action national pour mettre fin à la violence fondée sur le genre. Des fonds seront également alloués aux organisations et programmes de lutte contre ce type de violence. La lutte contre la violence fondée sur le genre demeure une priorité pour l’AFPC, surtout depuis l’augmentation des cas en raison des pertes d’emploi, des difficultés financières et d’un plus grand isolement social durant la crise sanitaire.
Droits des personnes handicapées
Le gouvernement a réservé des sommes considérables pour pallier les lacunes en matière d’accessibilité pour les Canadiennes et les Canadiens. Le manque d’accès est un obstacle majeur pour nos membres et il faut y remédier pour que toutes les personnes handicapées puissent accéder et participer pleinement à leurs communautés et leurs milieux de travail.
La précarité financière est beaucoup plus répandue chez les personnes handicapées que dans l’ensemble de la population. C’est pourquoi il est encourageant de voir que le gouvernement compte élargir les critères d’admissibilité au crédit d’impôt pour personnes handicapées. De nombreuses familles autrefois inadmissibles pourront s’en prévaloir.
Le gouvernement s’est aussi engagé à entreprendre des consultations visant la réforme du processus d’admissibilité aux programmes et prestations d’invalidité fédéraux. Cela pourrait avoir d’importantes conséquences pour les personnes vivant avec un handicap et pour leurs familles. Nous suivrons ce dossier de près.
Communautés LGBTQ2+
Les communautés LGBTQ2+ du pays entier continuent à faire face à la discrimination, au harcèlement et à la violence, ce qui ouvre la porte aux problèmes de santé mentale, au sous-emploi et à l’isolement.
Nous sommes heureux de constater que le budget propose un financement de 7,1 millions de dollars pour venir appuyer le travail du Secrétariat LGBTQ2 et permettre la conception d’un plan d’action LGBTQ2+. Des fonds sont aussi prévus pour favoriser la santé mentale et l’emploi dans les communautés LGBTQ2+. L’accès à l’emploi est particulièrement difficile pour les membres bisexuels, transsexuels et racialisés de ces communautés et nous espérons que le financement et les programmes permettront de répondre à leurs besoins.
Bien que le budget fédéral promette d’améliorer l’accès aux soins de santé, il faut accorder une attention particulière aux communautés LGBTQ2+ puisque le système de santé fait toujours preuve de discrimination à leur égard et continue à les stigmatiser. En outre, le budget ne propose aucune mesure précise pour faciliter l’accès des personnes transgenres aux soins d’affirmation de genre.
Assurance emploi
Le gouvernement n’a pas imprimé la direction nécessaire au régime d’assurance emploi, se contenant de faire passer la période de prestations de maladie de 15 à 26 semaines. Malheureusement, cette mesure arrive un an trop tard pour les personnes qui souffrent des séquelles de la COVID-19 ou qui attentent une opération, des traitements contre le cancer ou d’autres soins reportés en raison de la pandémie. Trop de gens ont été laissés pour compte.
Par ailleurs, il extrêmement décevant de constater que le gouvernement a reporté son engagement à fournir de l’assurance emploi aux personnes qui cumulent les petits boulots et qui ont été les plus durement touchées par la crise de l’emploi qui sévit en ce moment.
L’AFPC compte veiller à ce que les mesures proposées dans le budget de 2021 soient mises en œuvre et continuer à revendiquer les investissements qui rendront le Canada plus équitable et plus juste pour ses membres et pour l’ensemble de la population.
L’analyse du budget fédéral du Centre canadien de politiques alternatives renferme plus d’information sur le sujet. (en anglais)