Le plan du fédéral de retrancher près de 15 milliards de dollars des programmes et des services gouvernementaux au cours des quatre prochaines années alors que la population canadienne a plutôt besoin d’un filet de sûreté est un énorme pas en arrière.
Dans son nouveau budget, le gouvernement prévoit en effet des compressions de 8,6 milliards qui s’appliqueront à tous les ministères et organismes fédéraux ainsi qu’aux sociétés d’État. Il compte également récupérer 6,4 milliards en annulant certains programmes ou en reportant leur mise en œuvre.
« La dernière fois qu’on a vu des réductions générales, ça s’est traduit par de lourdes coupes dans les services publics et une importante réduction du personnel qui fournit ces services », rappelle Chris Aylward, président national de l’Alliance de la Fonction publique du Canada. « L’un ne va pas sans l’autre : on ne peut pas économiser 15 milliards de dollars sans sacrifier les programmes dont dépend la population. »
La promesse de réduire la privatisation et le recours aux experts-conseils est de bon augure, mais ce n’est pas assez pour stopper la sous-traitance des services publics critiques.
« L’histoire montre que la fonction publique vous en donne bien plus pour votre argent que les consultants grassement payés, rapporte Chris Aylward. Le gouvernement a raison de réduire la “fonction publique fantôme”, mais le diable est dans les détails. Le gouvernement doit présenter son plan pour réduire les frais de consultants. »
Il est encourageant de voir qu’Ottawa investit réellement dans ses fonctionnaires noirs en bonifiant le fonds pour la santé mentale et le programme de perfectionnement qui leur sont dédiés, mais ces initiatives devront être menées de manière transparente et tenir compte du point de vue des personnes concernées.
De même, l’engagement à adopter des lois pour empêcher le recours aux briseurs de grève et protéger les travailleuses et travailleurs à la demande est une bonne nouvelle, mais encore faut-il qu’elle s’accompagne de gestes concrets.
Le budget prévoit plus d’un milliard de dollars sur deux ans pour renouveler les ressources du système de paye. Mais attention, il ne s’agit pas d’augmenter la capacité, mais de payer les salaires du personnel déjà embauché. Dans le même ordre d’idée, les 52 M$ additionnels pour améliorer l’administration de la paye seront affectés à la conception du système de nouvelle génération et non au traitement des problèmes de paye actuels. Aucune de ces mesures ne nous laisse croire que le gouvernement accordera la priorité à ces problèmes plutôt qu’au recouvrement des sommes qu’il a versées en trop à nos membres.
Dans l’ensemble, le budget de 2023 laisse plusieurs questions sans réponse pour les 155 000 fonctionnaires fédéraux membres de l’AFPC qui sont sans contrat de travail depuis près de deux ans.
« La vie de tous les jours est devenue inabordable et les travailleuses et travailleurs s’appauvrissent, affirme Chris Aylward. Les votes de grève se termineront dans les prochaines semaines et c’est à ce moment-là qu’on verra si le gouvernement est vraiment prêt à offrir un bon contrat de travail qui tient compte de l’augmentation du coût de la vie. »