Vol de pensions : il est encore temps pour les Libéraux de se racheter

Cet article a paru en anglais dans le Globe and Mail le 20 décembre 2024

Sharon DeSousa, présidente nationale de l’Alliance de la Fonction publique du Canada : 

Partout au pays, les fonctionnaires fédéraux vont travailler tous les jours pour nous servir. Pour maîtriser les incendies, garder nos côtes, nous aider à nous loger. Ces personnes et des milliers d’autres sont là pour nous protéger, pour aider les groupes les plus vulnérables et pour veiller à ce que la population reçoive les services publics dont elle dépend.

Chaque mois, ces fonctionnaires cotisent au Régime de retraite de la fonction publique. Ils le font en pensant que leur employeur, le gouvernement fédéral, respectera sa promesse de protéger leur fonds de pension.

Or, ils sont tombés des nues lorsque la présidente du Conseil du Trésor, Anita Anand, a annoncé récemment que le gouvernement libéral entend détourner 1,9 milliard de dollars de la caisse de retraite pour renflouer ses coffres, sans aucune garantie que ces montants seront réinvestis dans la fonction publique.

Mais ce n’est pas tout. Le gouvernement a également tenté de cacher le congé de cotisation de 32 mois qu’il compte s’accorder, économisant ainsi 7,4 milliards de dollars sur le dos des fonctionnaires fédéraux.

Lorsque l’AFPC s’est révoltée — avec raison — contre cette attaque injuste envers les 700 000 fonctionnaires et personnes à la retraite qui ont cotisé au Régime, la ministre Anand n’a pas tardé à accuser le syndicat de répandre des faussetés. Que ce soit bien clair : ce que le gouvernement est en train de faire, c’est du vol. Rien de moins.

La ministre Anand a beau prétendre avoir les mains liées, que la loi l’oblige à prélever les milliards de dollars pour renflouer les coffres du gouvernement, en vérité, nulle part dans la loi est-il écrit que le gouvernement doit compromettre votre sécurité de retraite.

Au lieu, le gouvernement aurait très bien pu éliminer le régime à deux paliers qui oblige les nouveaux fonctionnaires à travailler cinq années de plus que les autres avant de pouvoir prendre leur retraite. La ministre Anand aurait aussi pu réinvestir une partie de l’excédent pour en faire profiter les membres du Régime, notamment en leur octroyant, à eux aussi, un congé de cotisation bienvenu en ces temps difficiles.

Pire encore, les personnes les plus touchées par ce détournement de fonds sont les fonctionnaires racisés, noirs, et autochtones, de même que la relève.

En termes simples, si le personnel et l’employeur cotisent tous deux à ce régime, seul l’employeur bénéficie d’un allégement. Cette année, le plus beau des cadeaux, c’est à lui-même que le gouvernement l’a offert.

Malheureusement, les fonctionnaires fédéraux commencent à connaître par cœur ce genre de trahison. On n’a qu’à penser à la façon dont Libéraux les ont traités au cours de la dernière décennie. Entre le fiasco Phénix, les règles arbitraires entourant le télétravail et plus récemment la menace de pertes d’emplois, le flagrant mépris avec lequel le gouvernement fédéral traite son personnel n’a rien à voir avec ses supposées valeurs progressistes.

Les Libéraux semblent avoir oublié que la caisse de retraite n’est pas leur guichet automatique, mais bien un gage de sécurité de la retraite pour celles et ceux qui ont cotisé au Régime.

Tout le monde au pays mérite un gouvernement intègre et respectueux des gens qui sont au service de la population jour après jour. Les travailleuses et travailleurs qui ont cotisé à un régime de retraite méritent un gouvernement qui tient ses promesses. Il est encore temps pour les Libéraux de faire amende honorable : regagner la confiance des fonctionnaires et veiller à la sécurité de leur retraite, servant ainsi d’exemple pour tous les autres employeurs.

23 Décembre 2024