Transition de la PCU à l’AE : les plans du gouvernement sont prometteurs, mais très incomplets

Le gouvernement du Canada prolonge la Prestation canadienne d’urgence (PCU) de quatre semaines, après quoi l’assurance-emploi (AE) prendra le relais. La semaine dernière, le gouvernement a aussi annoncé un assouplissement des critères de l’AE pour donner à davantage de travailleurs et travailleuses l’accès à ce régime auquel ils cotisent, ainsi que l’instauration de plusieurs nouvelles mesures pour aider les personnes touchées par la pandémie de COVID-19.

Résumé des changements

  • Prolongation de la PCU de 4 semaines, pour un maximum de 28 semaines
  • Simplification de l’AE pendant un an, à compter du 27 septembre
  • Seuil d’admissibilité à l’AE ramené à 120 heures de travail
  • Prestation minimale de 400 $ par semaine pendant un maximum de 26 semaines
  • Le gouvernement propose aussi trois nouvelles prestations :
    • la Prestation canadienne de la relance économique, destinée aux travailleurs indépendants;
    • la Prestation canadienne de maladie pour la relance économique, destinée aux travailleurs qui sont malades ou doivent s’isoler en raison de la COVID-19;
    • la Prestation canadienne de la relance économique pour proches aidants, destinée aux travailleurs qui doivent prendre soin d’une personne à charge parce que l’école ou le service de garde est fermé ou fonctionne selon un horaire modifié en raison de la pandémie de COVID-19.

Une réforme inaboutie

L’AFPC salue la décision du gouvernement d’élargir l’accès à l’AE et de faire passer la prestation hebdomadaire minimale à 400 $, mais estime que cette somme est nettement inférieure aux 500 $ par semaine versés au titre de la PCU. C’est aussi moins que les 500 $ prévus pour les parents contraints de recourir à la Prestation canadienne de la relance économique pour proches aidants. Le loyer moyen au pays pour un appartement d’une chambre, services publics compris, s’élève à plus de 1 450 $ par mois. Les prestations étant réduites à 1 600 $ par mois, de nombreux prestataires n’auront pas assez d’argent pour l’épicerie.

Malheureusement, ces changements pansent des plaies qui rongeaient déjà le régime d’AE et d’autres programmes de soutien du revenu.

Prestations de maladie insuffisantes

La nouvelle Prestation canadienne de maladie pour la relance économique viendra en aide aux travailleuses et travailleurs canadiens qui sont malades ou doivent s’isoler en raison de la COVID-19. L’AFPC revendique depuis longtemps des congés de maladie payés pour tous les travailleurs; nous appuyons donc cette mesure, à condition qu’elle ne soit qu’une première étape. Or, la période de prestations est limitée à deux semaines, malgré les preuves démontrant même qu’il faut parfois des semaines ou des mois pour se rétablir de la COVID-19, même dans les cas bénins. Cette situation suscite d’importantes craintes pour la sécurité. Les travailleurs devraient être couverts pendant toute la période d’isolement ou de rétablissement.

Incertitude à venir

La période tampon entre la fin de la PCU le 27 septembre et le début des nouvelles prestations en octobre nous préoccupe, sans compter qu’on ne sait pas si le nouveau plan de relance sera adopté par le Parlement. Avec un gouvernement minoritaire au pouvoir à Ottawa, la loi pourrait ne pas être adoptée, privant les travailleurs de revenus pour subvenir aux besoins de leur famille.

« Les mesures annoncées aujourd’hui par le gouvernement aideront à combler d’importantes brèches dans le soutien du revenu, des brèches qui se creuseront quand la PCU prendra fin, estime Chris Aylward, président national de l’AFPC. Nous exhortons le Cabinet à exercer ses pouvoirs afin de protéger les travailleurs et travailleuses des conséquences de la COVID-19 et demandons aux ministres concernés de travailler en étroite concertation avec nos membres qui exécutent les programmes. »

L’AFPC réclame les améliorations suivantes :

  1. La PCU et les mesures connexes doivent être maintenues jusqu’à la fin de décembre, afin que le gouvernement ait le temps de créer et de mettre en place des mesures législatives de façon réfléchie, rigoureuse et concertée et que les nouveaux programmes d’aide au revenu puissent succéder aux programmes actuels sans discontinuité.
  2. Il faudra tenir des consultations complètes à intervalles réguliers avec les agents négociateurs qui représentent les travailleurs auprès de l’AE et de l’ARC pour régler toute question relative à l’administration des changements touchant l’AE et à la mise en place de nouvelles prestations.
  3. En matière de santé publique, le gouvernement doit être guidé par le principe de précaution dans toutes ses décisions. Il ne peut pas présumer qu’un travailleur infecté sera rétabli ou ne sera plus contagieux après deux semaines d’isolement.
  4. Le gouvernement doit ajouter des mesures visant précisément les personnes qui sont en mesure de travailler, mais ne peuvent retourner en milieu de travail à cause d’un risque élevé de maladie grave découlant d’un ou de plusieurs problèmes de santé préexistants (comme l’asthme, la maladie pulmonaire obstructive chronique, l’hypertension, les maladies cardiaques et le cancer).
  5. Le gouvernement doit profiter de la situation pour réformer de façon permanente et inclusive l’assurance-emploi afin de régler certains problèmes de longue date, à savoir un accès inéquitable et un niveau de soutien insuffisant.
  6. Il faut créer une stratégie nationale pour assurer un emploi décent à tous les Canadiens et Canadiennes.

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26 Août 2020