L’Alliance de la Fonction publique du Canada (AFPC) et le Syndicat des employé-e-s des Anciens combattants (SEAC) se joignent à des vétérans et à des personnes qui les défendent pour inciter le gouvernement libéral à annuler le nouveau contrat de 570 millions de dollars visant les services de réadaptation offerts aux anciens militaires canadiens.
« La sous-traitance de ces services est une erreur », affirme Chris Aylward, président national de l’AFPC. « Les vétérans et leurs familles seraient mieux servis par des fonctionnaires professionnels qui font passer leurs intérêts avant tout que par une entreprise privée qui cherche à tirer des profits des services qu’elle fournit. »
Les vétérans qui ont besoin de soutien sont laissés en plan, car la mise en œuvre du programme a déjà été retardée de plusieurs mois et aucun service de réadaptation ne sera offert tant que le nouveau système n’aura pas été déployé.
« Ce contrat a été passé à la hâte sans qu’on consulte proprement les vétérans et le personnel dévoué d’Anciens Combattants Canada qui les sert », déplore Virginia Vaillancourt, présidente nationale du SEAC.
La mise en œuvre a déjà été retardée deux fois depuis novembre, et ni le personnel ni les fournisseurs de services ne reçoivent le soutien et la formation nécessaires.
« Chaque jour où un vétéran doit se passer des soins dont il a besoin pour gérer les traumatismes psychologiques et physiques qu’il a subis est un jour tragique dont le gouvernement devrait avoir honte », ajoute madame Vaillancourt. « Ce contrat est un parfait désastre et devrait être résilié sur-le-champ. »
Les vétérans se prononcent vivement contre ce contrat et les effets négatifs qu’il entraînés depuis sa mise en œuvre.
Christopher Banks est un vétéran décoré qui a servi en Bosnie et en Afghanistan avant qu’on lui diagnostique un stress post-traumatique. Il s’est vu décerner une Mention élogieuse du ministre des Anciens Combattants pour avoir sauvé la vie d’un vétéran suicidaire et craint maintenant de ne pas recevoir les traitements dont lui et d’autres anciens militaires ont désespérément besoin.
« En raison des retards, on n’admet aucune nouvelle personne dans le système tant qu’on n’aura pas réglé les problèmes », affirme M. Banks. « Si vous avez été blessé pendant votre service, vous ne pourrez recevoir des services de réadaptation ni aujourd’hui, ni demain et probablement pas pour des mois encore. »
Clayton Goodwin, vétéran membre de la Veterans Accountability Commission, ajoute qu’il se sent insulté et déprécié par le fait que le précieux travail de réadaptation ait été donné à une entreprise à but lucratif qui appartient à Loblaw, société à laquelle on reproche déjà d’avoir pratiqué des prix abusifs dans ses magasins d’alimentation pendant la pandémie. « Je me suis engagé pour servir le Canada et je m’attends à ce que les soins dont j’ai besoin me soient fournis par des fonctionnaires fédéraux. Je ne souhaite pas obtenir les services qu’il me faut de Loblaw ou de Shoppers Drug Mart. Les vétérans méritent mieux que ça. »
« Nous avons parlé en personne à des vétérans qui sont irrités, déprimés et frustrés par le nouveau contrat », dit madame Vaillancourt. « Actuellement, les gestionnaires de cas qui ont travaillé avec eux, parfois pendant des années, n’ont pas le pouvoir ou la capacité de les aider. »
L’élimination de la sous-traitance du travail de la fonction publique est un important enjeu des négociations qui se poursuivent pendant que l’AFPC continue de mener des votes de grève auprès des 155 000 fonctionnaires fédéraux d’un bout à l’autre du pays.
« Ce qu’on voit avec la sous-traitance des services de réadaptation des vétérans, c’est un exemple tragique des effets de la privatisation : on paye plus cher pour avoir moins de services en fin de compte », dénonce M. Aylward. « Et ce sont malheureusement nos vétérans qui en font les frais. »
« Franchement, il est effrayant que le nouveau fournisseur de services échoue déjà. Mais au moins, le retard me permet de me rétablir avant d’être soumis à son traitement », déclare M. Banks. « Il est temps d’annuler ce contrat et de faire passer les vétérans avant les profits », conclut Christopher Banks.