En pleine campagne de syndicalisation, vous auriez normalement trouvé Alex Bailey sur un campus universitaire en train de parler avec de futurs membres des avantages d’être syndiqué. Ça, c’était avant mars 2020, avant que la COVID-19 ne mette fin aux rassemblements publics.
À cause de la pandémie, les recruteurs de l’AFPC (comme Alex dans l’Atlantique) ont dû s’adapter rapidement. Leur boulot n’a pas disparu. Au contraire, ils reçoivent de plus en plus d’appels à l’aide de personnes dont les conditions de travail se sont détériorées depuis plus d’un an.
« Je n’ai jamais été aussi occupé », déclare Alex.
C’est une tendance qui se dessine dans tout le pays : le taux de syndicalisation au Canada a bondi durant la pandémie puisque les travailleurs font appel aux syndicats pour obtenir de meilleures protections contre les licenciements et les problèmes de sécurité au travail. Au début de 2020, le taux de syndicalisation a atteint près de 32 % — le plus haut pourcentage en 15 ans.
Syndicalisation du personnel de première ligne
L’été dernier, Roxane Futia et ses collègues du centre alimentaire communautaire The Stop ont fait appel à l’AFPC pour améliorer leur milieu de travail. Cet organisme sans but lucratif fournit des services alimentaires et défend les intérêts des communautés à faible revenu à Toronto.
Traitement inéquitable au travail (différentes règles s’appliquant à différentes personnes), manque de transparence de la part de la direction, restructuration et mises à pied : voilà quelques-uns des problèmes que le personnel voulait régler.
« Notre travail est très difficile sur le plan émotionnel. Notre communauté nous tient à cœur et on se surpasse constamment, mais les mauvaises conditions de travail compliquent les choses, explique Roxane. On ne pouvait plus continuer comme ça. »
Autre facteur ayant penché dans la balance en faveur de l’AFPC : notre engagement de longue date à lutter contre le racisme systémique au travail.
« On s’est syndiqués pour promouvoir l’équité au travail et mieux servir les gens qui fréquentent The Stop », explique Christina Rousseau, qui a activement contribué au recrutement.
« Pour moi, la syndicalisation a été une grande victoire. J’ai adoré travailler avec mes collègues des autres secteurs, à qui je n’aurais jamais parlé en temps normal. »
– Christina Rousseau, section locale 903
Une campagne de syndicalisation implique normalement bien des rencontres en personne. Mais les recruteurs et le personnel de The Stop ont déplacé leurs activités en ligne et ces efforts ont porté fruits : les voilà maintenant membres de l’AFPC.
Une question de relations
« La syndicalisation, c’est une question de relations », affirme Adrian Dumitru, agent national de syndicalisation à l’AFPC. Et tisser des liens à distance, c’est une autre paire de manches.
Durant la pandémie, le travail des recruteurs s’est fait par vidéoconférence, par téléphone, par courriel ou par texto, ce qui demande plus de temps. « C’est un marathon plutôt qu’un sprint », déclare Alex Bailey.
« En réalité, la syndicalisation ne change pas. On doit encore parler à chaque travailleur et travailleuse », explique Tanya Ferguson, agente de syndicalisation en Ontario.
De plus, les recruteurs doivent toujours faire signer des cartes d’adhésion, chose difficile à réaliser pendant une pandémie. Heureusement, l’AFPC a fait figure de pionnière en adoptant des cartes d’adhésion électroniques en 2013, qui se sont avérées très précieuses pour la campagne.
La syndicalisation est notre force
Malgré toutes ces difficultés, l’AFPC a réussi à recruter un grand nombre de travailleurs de différents secteurs l’an dernier. Il a fallu beaucoup de courage et de dévouement à ces membres pour se syndiquer en pleine pandémie puis améliorer leurs conditions
de travail.
« Dans le mouvement syndical, tout ce qu’on veut pour nous-mêmes, on le veut pour les autres, affirme Alex. L’objectif est d’aider nos camarades à acquérir la force dont ils ont besoin pour obtenir ce qu’ils veulent. »
Collaboratrice : Allison Pilon