L’excédent de plus d’un milliard de dollars qu’affiche la caisse de retraite des fonctionnaires fédéraux, annoncé hier, offrait une occasion inespérée d’investir dans la fonction publique et de redresser les inégalités causées durant l’ère Harper.
Le rapport, rédigé par l’actuaire en chef du Canada et déposé le 25 novembre par la présidente du Conseil du Trésor, Anita Anand, confirme que la Caisse de retraite de la fonction publique accuse un surplus non autorisé qui sera versé dans le Trésor.
L’AFPC est déçue que le gouvernement ait laissé tomber les travailleuses et travailleurs en n’éliminant pas d’emblée le régime à deux paliers imposé par les conservateurs en 2012. Du temps où il était au pouvoir, Stephen Harper a décidé que les fonctionnaires embauchés à compter du 1er janvier 2013 devaient travailler cinq ans de plus que leurs prédécesseurs pour avoir droit à la pleine pension, une condition foncièrement injuste.
« Le surplus s’est accumulé grâce aux cotisations d’honnêtes travailleurs et travailleuses. S’approprier cet argent, c’est un abus de confiance », s’indigne Sharon DeSousa, présidente nationale de l’AFPC. « C’est aussi un dangereux précédent pour d’autres employeurs qui voudraient mettre le grappin sur le fonds de pension de leur personnel. »
Les fonctionnaires ont investi cet argent pour pouvoir subvenir à leurs besoins à la retraite. Transférer le surplus au Trésor plutôt que le réinvestir dans les pensions nuit à la stabilité du régime et établit un précédent qui a de quoi inquiéter tous les travailleurs et travailleuses.
Il y a six mois, l’AFPC avait suggéré d’utiliser une fraction du surplus pour neutraliser les attaques menées par Harper.
« On a soumis au gouvernement un plan responsable qui ne coûtera rien aux contribuables et qui renversera les inégalités de l’ère Harper », ajoute Mme DeSousa. « Nos membres en ont assez des promesses en l’air du gouvernement. On a été brûlés par Phénix et le télétravail. Et là, on va encore devoir attendre pour des pensions équitables. »
« Un régime de retraite à deux paliers, c’est fondamentalement injuste. Dans notre cas, ce sont les travailleuses et travailleurs racisés, noirs, autochtones et les jeunes qui sont les plus pénalisés parce qu’ils forment la majorité des embauches récentes. Ce sont ces mêmes groupes marginalisés que le gouvernement s’est engagé à recruter et à appuyer. Si l’équité et l’inclusion lui tiennent réellement à cœur, le gouvernement doit offrir des conditions de retraite équitables pour tout le monde », conclut Mme DeSousa.
L’AFPC s’opposera farouchement à toute tentative de réaffecter unilatéralement ces fonds. Nous allons analyser le rapport de l’actuaire en chef et espérons collaborer étroitement avec le gouvernement et les autres syndicats pour faire en sorte que le surplus serve à éliminer les inégalités entre nos membres.