Le gouvernement fédéral se bat pour faire rejeter la poursuite du Recours collectif noir, et y a déjà englouti 8 millions de dollars, soit 10 fois plus que ce qu’il a investi dans le Fonds pour la santé mentale à l’intention des fonctionnaires noirs, promis dans le budget 2022.
Cette explosion des coûts illustre bien comment le gouvernement s’acharne à priver de justice ses fonctionnaires noirs, racialisés et autochtones, même s’il clame haut et fort s’attaquer au racisme et à la discrimination dans ses rangs.
« C’est navrant de voir le gouvernement dépenser des millions pour se battre en cour contre les personnes qu’il a lui-même lésées plutôt que d’appliquer des solutions pour contrer la discrimination », s’indigne Nicholas Marcus Thompson, directeur général du secrétariat du Recours collectif noir.
Dans son budget 2022, le gouvernement libéral avait mis de côté 3,7 millions de dollars sur quatre ans pour constituer un Fonds pour la santé mentale des communautés noires et prévoyait, dans le budget 2023, y injecter 45,9 millions de dollars de plus.
Or, selon les documents demandés par le NPD et inscrits au Feuilleton, le Conseil du Trésor n’a dépensé à ce jour que 787 207 $ pour concrétiser cet engagement. Les fonctionnaires noirs qui se butent à des obstacles systémiques ne reçoivent donc toujours aucun soutien et ignorent ce que compte faire le gouvernement pour créer des programmes de perfectionnement visant notamment à les préparer à occuper des postes de direction.
Une bataille judiciaire de plusieurs millions contre les fonctionnaires noirs
Selon les documents rendus publics, le gouvernement aurait dépensé environ 7,85 millions de dollars depuis 2020 en services juridiques afin de contester le recours collectif.
Ces coûts ne représentent probablement qu’une fraction que ce qu’il devra dépenser dans ce dossier puisque le Recours collectif noir n’a même pas encore été autorisé. L’audience à cet effet devrait avoir lieu le 3 mai 2024.
« Malgré les nombreuses mesures annoncées ces trois dernières années, on ne constate aucun changement notable pour ces fonctionnaires : la discrimination et les préjudices persistent. Nous exhortons le gouvernement à discuter avec ces personnes plutôt qu’à continuer de dépenser les deniers publics dans ces batailles juridiques interminables ».
L’AFPC a invité à maintes reprises le gouvernement à régler cette affaire et à aborder de front la discrimination que subissent ces fonctionnaires depuis des décennies.
« Ces personnes sont bouleversées de découvrir que le gouvernement – leur employeur – a dépensé des millions de dollars pour stopper leur quête de justice, tout en retardant la mise en place de programmes visant à éliminer les obstacles systémiques auxquelles elles se butent », ajoute Chris Aylward, président national de l’AFPC.
L’AFPC – le plus grand syndicat de la fonction publique fédérale – représente la majorité des quelque 1 500 plaignantes et plaignants, et a contribué à hauteur de 80 000 $ au Recours collectif noir. Elle mettra tout en œuvre pour que ces fonctionnaires obtiennent justice.