Aujourd’hui, la Coalition contre la discrimination au travail, dont l’Alliance de la Fonction publique du Canada (AFPC) est membre, a dévoilé un rapport interne obtenu en vertu de la Loi sur l’accès à l’information qui révèle une discrimination flagrante et généralisée au Bureau du Conseil privé (BCP). Ce dernier dirige la fonction publique du gouvernement fédéral, plus important employeur du pays, tout en soutenant le premier ministre et le cabinet. À ce titre, les constatations de discrimination flagrante sont extrêmement troublantes et préoccupantes pour la population.
Le rapport est fondé sur des entrevues menées par Rachel Zellars, de l’Université Saint Mary’s, à Halifax. Il expose un climat de travail où règnent les stéréotypes raciaux, les microagressions et la violence verbale jusqu’aux plus hauts rangs, ainsi qu’une culture de l’omerta et l’absence de mécanismes de responsabilité. Au cours des entrevues, la direction et le personnel blancs ont fait état de possibilités d’avancement qui contrastaient fortement avec celles des membres du personnel noirs, autochtones et autrement racialisés, souvent maintenus au bas de l’échelle dans des emplois précaires.
« Il est choquant de constater un tel niveau de discrimination dans l’une des plus hautes sphères du gouvernement. Une fois de plus, on charge l’instance coupable de discrimination de se corriger. C’est une approche invariablement vouée à l’échec. Il est temps d’implanter de réels mécanismes de responsabilité indépendants et d’apporter des changements structurels capables d’enrayer la discrimination contre les personnes noires, » dit Nicholas Marcus Thompson, président, Secrétariat du recours collectif noir.
En 2021, l’ancien greffier du Conseil privé, Ian Shugart, a lancé un appel à l’action à la haute direction de la fonction publique afin qu’elle prenne d’importantes mesures ciblées pour combattre le racisme et instaurer l’équité et l’inclusion. Mais dans le rapport, le personnel noir et racialisé explique que la direction du BCP chargée de la planification ministérielle représente un obstacle majeur à cet appel à l’action.
« Au lieu de s’attaquer au racisme dans la fonction publique, la plus haute instance chargée de combattre la discrimination – le Bureau du Conseil privé – laisse les choses s’envenimer », s’indigne Sharon DeSousa, présidente nationale de l’AFPC. « Ça confirme ce que nos membres nous rapportent depuis des années : le climat de travail à la fonction publique est bien différent pour les personnes noires, autochtones et autrement racialisées, qui subissent l’humiliation et les microagressions au quotidien. Le gouvernement doit se retrousser les manches de toute urgence pour mettre fin à la discrimination et au racisme systémiques de la fonction publique fédérale.
Le BCP a remis à la Coalition une liste des mesures qu’il a prises depuis la diffusion interne du rapport. Ces mesures témoignent d’une certaine volonté de mettre en œuvre les recommandations, mais elles ne sont pas assez robustes pour régler les problèmes systémiques décrits dans le rapport. C’est sans compter l’absence de mesures portant sur plusieurs recommandations clés.
L’AFPC exige du gouvernement fédéral :
- La nomination d’un commissaire à l’équité pour les Noirs afin de s’attaquer au racisme systémique anti-noir à tous les niveaux du gouvernement (à l’instar des deux postes chargés de la lutte contre l’antisémitisme et contre l’islamophobie).
- La reconnaissance des personnes noires comme groupe d’équité, conformément aux modifications à la Loi sur l’équité en matière d’emploi promises en décembre 2023.
- Le règlement du Recours collectif noir pour dédommager les fonctionnaires noirs qui ont été victimes de discrimination pendant des années, comme le confirment de nombreux rapports fédéraux.