Rana Plaza : 12 années de lutte pour tenir les entreprises responsables

Depuis l’effondrement, en 2013, de l’usine de la Rana Plaza au Bangladesh, les syndicats du Canada marquent le tragique anniversaire du 24 avril en attirant l’attention sur les conditions de travail, qui demeurent inacceptables, des personnes travaillant dans le secteur du prêt-à-porter du Bangladesh. 

Le désastre industriel de la Rana Plaza, dans lequel 1 134 travailleuses et travailleurs ont péri et des milliers d’autres ont été blessés, a mis en évidence l’absence de responsabilité des multinationales à l’égard de l’assurance de conditions sécuritaires et acceptables aux personnes travaillant dans les usines de l’ensemble de leurs chaînes d’approvisionnement mondiales. 

Cela a inspiré un mouvement mondial visant à exiger que les entreprises assument la responsabilité d’assurer la sécurité des lieux de travail, de verser des salaires équitables et de permettre aux travailleuses et travailleurs de se syndiquer, d’adhérer à des syndicats démocratiques et de négocier collectivement. 

Des améliorations ont été apportées aux conditions de travail et des progrès ont été réalisés en vue de l’établissement de mécanismes nationaux et mondiaux pour assurer l’avancement des droits et des protections. Grâce au soutien mondial, des mesures efficaces ont été prises rapidement pour évaluer et rectifier les conditions structurales et de sécurité dans des milliers d’usines après l’effondrement de la Rana Plaza, mais les travailleuses et travailleurs du Bangladesh ont encore des salaires de misère et des conditions de travail inéquitables.  

Les syndicats du Canada ont travaillé sur de nombreux fronts pour assurer de meilleures conditions de travail au personnel du secteur du vêtement, notamment avec des partenaires du Bangladesh et des alliés mondiaux et nationaux. Nous avons réclamé des lois sur la responsabilité des entreprises et des mécanismes permettant de porter plainte contre les entreprises canadiennes pour des violations des droits humains et syndicaux et la dégradation de l’environnement causées par leurs activités menées à l’étranger.  

En 2018, les syndicats ont célébré la création du poste d’ombudsman canadien de la responsabilité des entreprises (OCRE), qu’ils réclamaient depuis longtemps pour permettre aux personnes et aux collectivités affectées par les activités des entreprises canadiennes de demander justice. Malheureusement, le bureau de cet ombudsman n’a jamais reçu les ressources nécessaires pour servir de puissant mécanisme de réparation des violations des droits humains et syndicaux dans les activités des entreprises canadiennes à l’étranger. De plus, nous réclamons depuis longtemps une loi sur la diligence raisonnable obligatoire en matière de droits de la personne qui exige que les entreprises préviennent et minimisent les préjudices pour les personnes et l’environnement dans l’ensemble de leurs chaînes d’approvisionnement. 

Depuis 2016, les travailleuses et travailleurs réclament à cor et à cri que l’Organisation internationale du Travail (OIT) adopte des instruments sur les chaînes d’approvisionnement mondiales qui obligeraient les gouvernements à respecter les normes du travail établies dans la législation et la pratique. Nous accueillons les directives de 2024 de l’OIT sur les salaires suffisants pour vivre, lesquelles établissent des principes mondiaux sur la définition, le calcul et la mise en œuvre de salaires suffisants dans différents contextes économiques. Les syndicats continuent à obliger le gouvernement du Bangladesh à rendre des comptes à l’OIT sur les cas où il n’a pas reconnu des syndicats libres et indépendants, sur le harcèlement et la violence dont les dirigeantes et dirigeants et les militantes et militants syndicaux continuent à faire l’objet, sur la détention de travailleuses et travailleurs tentant de former des syndicats et sur le non-paiement de salaires équitables et la non-prestation d’une assurance contre les blessures attribuables à l’emploi.  

Douze années après la tragédie de la Rana Plaza, les syndicats du Canada s’engagent encore à épauler les travailleuses et travailleurs bangladeshis et leur revendication de la liberté d’association et du droit de négocier collectivement, soit du minimum nécessaire pour qu’ils puissent se faire entendre, travailler en sécurité et être des partenaires sociaux actifs de l’amélioration des conditions de vie et de travail de tous. 

À la veille de l’élection fédérale, nous incitons le gouvernement entrant à faire tout son possible pour obliger les entreprises canadiennes à rendre des comptes et à voir à ce que les droits humains et syndicaux et l’environnement soient respectés dans leurs activités étrangères, notamment comme suit : 

  • Donner à l’ombudsman canadien de la responsabilité des entreprises les pouvoirs d’enquête, les ressources et l’indépendance du gouvernement dont il a besoin pour servir efficacement les personnes impactées ;  
  • Adopter une loi sur la diligence raisonnable obligatoire en matière de droits de la personne qui exige que les entreprises préviennent le risque de préjudice pour les personnes et l’environnement dans l’ensemble de leurs chaînes d’approvisionnement et adoptent des procédures appropriées pour minimiser ce risque, réparer tout préjudice existant et faire tout leur possible pour prévenir les nouveaux préjudices ; 
  • Appuyer une convention exécutoire des Nations Unies sur les droits des entreprises et de la personne pour réglementer les activités des multinationales et d’autres entreprises selon le droit international en matière de droits de la personne.

Sujets: 

24 Avril 2025