Le plan d’action fédéral pour les personnes 2SLGBTQIA+ : le début d’un long travail

Le Canada figure enfin parmi les pays disposant de plans d’action pour appuyer les personnes 2SLGBTQIA+. Face à la montée de la violence et des crimes haineux, il était plus que temps d’agir. Il est primordial de soutenir les personnes 2SLGBTQIA+ afin de rebâtir les réseaux et les carrefours communautaires qui ont été dévastés par la pandémie. En outre, il est urgent de prévenir et de contrer la flambée des idéologies violentes, car l’extrême-droite cible de plus en plus les communautés 2SLGBTQIA+

Le financement de 100 millions de dollars sur cinq ans, annoncé le 28 août, est nettement insuffisant pour éliminer les difficultés que connaissent les personnes 2SLGBTQIA+ en cette période où se multiplient les actes de violence et de haine envers leurs communautés. L’inflation, la stagnation des salaires et la précarité du travail qui touchent l’ensemble des travailleuses et des travailleurs ne font qu’aggraver la situation.  

Malgré le fait que les personnes 2SLGBTQIA+ sont moins susceptibles de déclarer des incidents violents à la police, au Canada, on a constaté une augmentation de 41 % des crimes haineux à leur endroit de 2018 à 2019. Plus de la moitié des crimes signalés étaient violents. En 2022, des activités familiales animées par des drag queens, souvent tenues dans des bibliothèques municipales, ont été la cible de propos haineux et de menaces. Aux États-Unis, on assiste également à une hausse des incidents violents, à l’adoption de lois régressives en éducation et à un discours de plus en plus homophone et transphobe parmi les législateurs et les commentateurs conservateurs. 

L’approche intersectionnelle du plan et la reconnaissance des iniquités économiques, sociales et sanitaires disproportionnées que vivent certaines personnes 2SLGBTQIA + sont un pas dans la bonne direction. Leur situation est amplifiée par le colonialisme, le racisme systémique, le sexisme, le capacitisme, l’âgisme, le classisme et d’autres facteurs.  

En tant que syndicalistes et défenseurs des droits de la personne, nous voulons célébrer le financement accordé par le fédéral, sans toutefois perdre de vue que le travail à accomplir est colossal, comme l’illustrent les résultats du sondage ayant motivé l’établissement du plan, qui mettent relief les disparités que connaissent les personnes 2SLGBTQIA+.  

Le plan confirme ce que bon nombre de membres de l’AFPC savent déjà. Les personnes 2SLGBTQIA+ vivent de la discrimination à l’embauche, demeurent à risque dans leurs milieux de travail et se heurtent à des obstacles pour dénoncer le harcèlement et recevoir du soutien. Selon le sondage, les personnes bispirituelles, en raison de leur orientation sexuelle, sont particulièrement vulnérables au harcèlement, et près de la moitié des personnes transgenres ont été victimes de harcèlement en milieu de travail en raison de leur identité de genre. D’autres personnes ont répondu qu’elles dissimulaient complètement leur identité au travail.  

Il est urgent et indispensable d’améliorer l’inclusion des personnes 2SLGBTQI+ dans la fonction publique et de réparer les dommages de la purge LGBT. Ce n’est pas d’hier que l’AFPC défend les personnes 2SLGBTQIA+, mais récemment, le syndicat demandait d’ajouter un nouveau groupe d’équité en matière d’emploi pour éliminer la discrimination continue à leur endroit.  

Le plan du gouvernement fédéral est un bon début. Cependant, ce dernier doit redoubler d’efforts et consacrer davantage de ressources à lutter contre la discrimination, à appuyer la diversité et à créer des milieux de travail sûrs et inclusifs s’il veut apporter de véritables changements positifs et durables dans la vie des gens et dans la société. 

*L’AFPC utilise le sigle 2SLGBTQIA+ pour inclure les personnes asexuelles. 

 

Sujets: 

9 Septembre 2022