La pénurie d’eau, c’est l’affaire de tout le monde
By Sukhpal
Un soir où notre délégation était à San Gregorio, un village rural du Guatemala, on nous a demandé de ne pas laver la vaisselle en raison d’une pénurie d’eau. Cette directive m’a rappelé une scène de ce matin-là : en me brossant les dents dans la maison familiale, j’ai remarqué que le niveau d’eau de l’évier central, normalement plein, était dangereusement bas…
Dans le Guatemala rural, certaines maisons disposent de trois éviers. Le premier, à gauche, sert à laver les vêtements, les fruits ou le poisson, par exemple. Celui du milieu est toujours rempli d’eau, qu’on recueille avec un petit bol de plastique pour en verser sur ses mains, ses vêtements et ses aliments. Le dernier, à droite, est destiné au brossage des dents.
Une brève histoire de la pénurie d’eau au Guatemala
Le Guatemala est un pays d’Amérique centrale aux prises avec une crise de l’eau. En milieu rural, 44 % des familles peinent à s’approvisionner en eau potable. Beaucoup de Guatémaltèques doivent donc se rabattre sur l’eau contaminée, mais celle-ci nuit à l’hygiène et à la santé, entraînant un taux élevé de maladies comme le choléra. Dans les dernières années, le Guatemala a aussi dû affronter les effets des changements climatiques, notamment des sécheresses, qui ont aggravé le problème et affaibli le rendement des cultures. Dans les campagnes, la pénurie d’eau se double donc d’un manque de nourriture.
Il n’y a pas que les régions rurales qui sont touchées. Un soir, à Guatemala, j’ai constaté que l’eau du robinet était jaunâtre. À mon retour au Canada, j’ai fait des recherches et appris que presque toutes les nappes d’eau souterraine sont polluées, ce qui pose un risque pour la santé des personnes qui en dépendent. Par conséquent, même si la pénurie d’eau et l’accès à cette ressource touchent majoritairement les milieux ruraux, les villes ne sont pas épargnées.
Le combat des Autochtones au Canada
La pénurie d’eau est un problème universel. Les peuples autochtones du Canada vivent une crise similaire : les avis sur la qualité de l'eau potable visent souvent des réserves en milieu rural, dont les problèmes d’approvisionnement ne datent pas d’hier. Si l’eau n’y est pas rare, elle est souvent contaminée ou présente un risque de contamination en raison de systèmes de traitement défaillants. Selon le gouvernement fédéral, en date du 9 octobre 2024, il y avait 32 avis à long terme en vigueur dans 30 communautés concernant la qualité de l’eau potable. La proportion de nations autochtones visées par de tels avis est disproportionnée par rapport au reste du pays.
L’avenir de la conservation de l’eau
Au Canada, on se mobilise pour sensibiliser la population à cet important problème. En 2022, l’Alliance de la Fonction publique du Canada a d’ailleurs lancé la campagne « Encore soif de justice » pour attirer l’attention sur la crise à l’échelle du pays et défendre la cause des Autochtones, qui en subissent les conséquences. En Ontario, une marche pour l’eau autour des Grands Lacs, une initiative autochtone, a eu lieu en septembre dernier pour valoriser cette ressource. En Alberta, la province lutte contre la pénurie d’eau par des accords sur la répartition des eaux et la régulation de la consommation d’eau. La crise de l’eau potable n’est donc pas un phénomène isolé.
Au Guatemala, un projet de durabilité offre des filtres Ecofiltro aux foyers ruraux qui le souhaitent. J’ai vu ce projet de mes yeux dans ma famille d’accueil, et on m’a dit que je pouvais utiliser l’eau uniquement pour boire. Le gouvernement prend également des mesures pour mettre à jour la politique nationale du secteur de l’eau potable et de l’assainissement.
On a souvent l’impression qu’il appartient à d’autres de gérer l’eau, ou que l’accès à cette nécessité est loin de toucher les ménages canadiens, mais ce n’est pas le cas. Chacun et chacune de nous peut faire sa part, que ce soit en reconnaissant la valeur de cette ressource ou en gérant efficacement sa consommation quotidienne.
Sukhpal est membre de la section locale 30856 du SEIC.