La pandémie n’empêche pas les membres du Service de police d’Anishinabek d’aller au-delà de leur devoir

Environ 70 membres de l’AFPC travaillent au Service de police d’Anishinabek, qui dessert 16 communautés des Premières Nations de l’Ontario en tenant compte de leur réalité culturelle. Les agents et agentes du Service ont l’habitude d’intervenir en cas d’accidents de la route, de méfaits liés à la drogue ou d’incidents violents, mais la crise de la COVID-19 les a amenés à servir la population autrement.

Le corps policier étant relativement petit, ses détachements sont répartis sur un vaste territoire s’étendant de Kettle Point, près de Sarnia, à Fort William, en périphérie de Thunder Bay, à plus de 800 kilomètres. Contrairement à la Police provinciale de l’Ontario et aux autres forces policières municipales de la région, le Service de police d’Anishinabek est depuis longtemps sous-financé par les gouvernements provincial et fédéral. Les salaires y sont moins élevés, les avantages sociaux moins généreux, et le nombre d’agents qui patrouillent les communautés autochtones est inférieur.

La sergente Chantal Laroque, du détachement de Nipissing, siège au comité exécutif de la section locale de l’AFPC qui représente les agents de première ligne du Service. Elle affirme que, depuis le début du confinement, ses collègues sont loin de chômer. Il y a « toujours des heures supplémentaires » à faire en raison du manque chronique de ressources.

Avec l’intensification des mesures de confinement en mars, le personnel des divers détachements s’est rapidement adapté pour venir en aide aux communautés, même lorsqu’on a détecté un cas de COVID-19 parmi les agents, ce qui a nécessité l’isolement de plusieurs autres et mis à rude épreuve des ressources déjà limitées à un moment critique.

Les agents du Service jouent un rôle clé pour freiner la propagation du virus, en limitant l’accès à la circulation locale. Ces points de contrôle sont cruciaux, car bon nombre de Premières Nations ont accès à des services médicaux retreints, ce qui les rend particulièrement vulnérables en cas d’éclosion.

Les contrôles routiers sont toujours en place, malgré l’assouplissement des restrictions par le gouvernement de l’Ontario.

Les membres de l’AFPC s’efforcent aussi d’aller au-delà de leur devoir. Par exemple, le détachement qui dessert les communautés de Pic River et de Pic Mobert, sur les rives de Thunder Bay, a commencé à offrir un service d’épicerie dès le début du confinement. Par un simple coup de fil, les résidents peuvent demander qu’on les conduise à l’épicerie ou fournir une liste d’articles qu’un agent leur livrera à domicile. Ce service est offert tout au long de la pandémie.

Les communautés des Premières Nations n’ont que des éloges pour le travail des membres de l’AFPC du Service de police d’Anishinabek en cette période de crise, comme en témoignent les nombreuses pancartes de remerciement.

La sergente Laroque note que le syndicat et la direction du Service collaborent depuis le début de la crise pour s’assurer que les policières et policiers disposent de l’équipement de protection nécessaire et se sentent bien outillés pour faire face aux risques d’exposition quotidiens.

Malgré tout, le corps policier n’est toujours pas reconnu comme un service essentiel par les gouvernements provincial et fédéral. C’est ce que les agents continuent de faire valoir par l’entremise de leur syndicat, et la pandémie a clairement mis en lumière le caractère fondamental de leur travail.

La sergente Laroque reconnaît toutefois que les salaires se sont améliorés au cours des dernières années et que le processus d’arrimage du régime de retraite avec celui des corps policiers non autochtones se poursuit. Elle attribue ces avancées au travail du syndicat, affirmant que « l’AFPC a joué un rôle déterminant » dans l’amélioration des conditions de travail.

« Je suis fière de servir les communautés des Premières Nations en cette période difficile, mais aussi de pouvoir compter sur un syndicat qui nous appuie dans notre lutte pour l’équité », conclut-elle.

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22 Mai 2020