Le projet de loi C-13 – première grande réforme de la Loi sur les langues officielles en 30 ans – est un pas dans la bonne direction, mais il n’a pas le mordant nécessaire pour assurer la pérennité du français au Canada et promouvoir le bilinguisme dans la fonction publique fédérale.
Outre les nombreux changements prévus, le projet de loi accorde au commissaire aux langues officielles la capacité d’imposer des pénalités financières aux employeurs sous réglementation fédérale qui ne respectent pas leurs obligations linguistiques. Malheureusement, les changements ne vont pas assez loin pour renforcer le bilinguisme dans les milieux de travail fédéraux.
La pandémie a changé notre façon de travailler et les lacunes en matière de langues officielles dans l’appareil fédéral sont encore plus visibles qu’avant. Les réunions se font à distance et les services d’interprétation sont souvent inadéquats. Les gestionnaires ont aussi souvent tendance à ne pas envoyer l’information dans les deux langues officielles. Selon un sondage mené auprès des membres de l’AFPC récemment, 21 % des francophones ont répondu ne pas avoir pu s’exprimer dans la langue de leur choix durant les réunions, ce qui est tout à fait inacceptable.
Le bilinguisme devrait être une qualité recherchée au sein du gouvernement fédéral. Or, la prime de bilinguisme offerte aux fonctionnaires bilingues n’est que de 800 $, montant qui n’a pas augmenté depuis le début des 1990. Voilà pourquoi, dans le cadre des négociations pour le compte de 165 000 fonctionnaires fédéraux, l’AFPC tente de faire passer la prime à 1 500 $ et de l’appliquer également aux langues autochtones. Si le gouvernement veut vraiment appuyer les langues officielles, il doit augmenter la prime.
De plus, s’il tient réellement à renforcer la Loi sur les langues officielles, le gouvernement se doit d’offrir de la formation linguistique gratuitement à son personnel. Il s’agit là d’une mesure essentielle pour encourager les francophones comme les anglophones à améliorer leurs compétences langagières. Plus important encore, le gouvernement doit cesser de sous-traiter les cours de français et les services d’interprétation.
Pour créer une fonction publique fédérale bilingue, dynamique et diversifiée, il faut que tous les membres du personnel puissent travailler dans la langue de leur choix et soient encouragés à le faire.