Les sociétés minières opérant au Guatemala, dont la majorité est basée au Canada, continuent d’exploiter la population, les terres et l’environnement à des fins lucratives, ce qui a de profondes répercussions pour les travailleurs et les peuples autochtones. Les lois guatémaltèques obligeant ces entreprises à respecter les droits de la personne, les mesures de santé et sécurité et l’environnement sont très limitées, voire inexistantes. En fait, ces entreprises peuvent obtenir très facilement tous les permis dont elles ont besoin et sont rarement tenues de rendre des comptes. Le résultat : les habitants, dont le peuple autochtone xinca, sont déplacés et exposés à l’insécurité alimentaire, à la violence et l’oppression.
Or, malgré l’adversité, le peuple autochtone xinca a réussi à établir un parlement qui veille à préserver sa culture, sa langue et son histoire. Le parlement travaille également à l’organisation des communautés. Pendant plus d’une décennie, il a d’ailleurs activement organisé la résistance contre l’exploitation minière de la société canadienne Tahoe Resources. Grâce à l’appui phénoménal de la population, un camp de résistance a été érigé près de la mine Escobal exploitée par cette société où des familles assuraient une présence tous les jours, 24 heures sur 24. Pendant plusieurs années, cette résistance a réussi à freiner les opérations de la société minière. Il y a tellement de familles engagées que chacune ne fait qu'un quart de 24 heures toutes les 3 semaines environ. Lors de notre passage, notre délégation a pu rencontrer des membres du parlement xinca et visiter le camp de résistance. Je dois dire que le dévouement et la résilience de ce peuple sont une source d’inspiration et démontrent bien leur force collective.
En 2014, grâce au militantisme du peuple xinca et aux efforts de solidarité internationale, la société Tahoe Resources a été poursuivie en justice devant un tribunal canadien pour violation des droits de la personne du peuple autochtone xinca. Fait à noter : la société Tahoe Resources a exploité la mine Escobal de 2009 à 2019. Ce précédent permet dorénavant aux peuples guatémaltèques, et possiblement à d’autres peuples opprimés, de poursuivre en justice au Canada des sociétés canadiennes si elles ne sont pas en mesure de le faire dans leur propre pays. En juillet 2019, la société Tahoe Resources a été forcée de conclure un accord avec les militants guatémaltèques. Dans cet accord, il est stipulé que la société admet d’avoir eu recours à la violence et enfreint les droits de la population autochtone.Depuis, la mine Escobal a été achetée par la minière Pan American Silver, basée à Vancouver.
Lorsque je pense à cette expérience et aux témoignages des gens rencontrés, je dois dire que je suis fier de mon syndicat, l’AFPC. Grâce au travail de solidarité internationale de l’AFPC, les gens peuvent faire connaître leurs histoires et leurs luttes pour obtenir justice au-delà des frontières, des cultures et des langues. Le programme L’éducation à l’œuvre du Fonds de justice sociale de l’AFPC permet de tisser des liens avec les populations opprimées et de faire comprendre aux membres de notre syndicat qu’il est possible de changer les choses. De plus, notre engagement bénévole personnel de participer aux délégations annuelles est remarqué et apprécié par les membres de la communauté et ses alliés locaux. Je tiens à remercier tous ceux et celles qui nous ont accompagnés durant ce voyage, même si parfois ils avaient d’autres questions plus urgentes à régler. Merci de l’occasion qui m’a été offerte de participer à cette délégation. Sachez que mon appui à l’égard de ces organisations qui luttent pour obtenir justice demeure indéfectible.
par Todd Smith
Todd est membre de la section locale 20044 du Syndicat de l’Agriculture et vice-président suppléant de l’AFPC‑Colombie-Britannique