Une fois installés à Quixaya, une communauté des hautes-terres du Guatemala, nous avons eu le privilège de passer un après-midi avec divers groupes de femmes qui aspirent à devenir entrepreneures en créant des articles mêlant tradition et modernité en vue de les vendre et d’acquérir ainsi une autonomie financière.
Autrefois, ces connaissances étaient transmises de génération en génération afin de perpétuer la culture locale et de garder les traditions familiales. D’une part, il est malheureux que de jeunes filles soient poussées vers ce métier comme source de revenu pour leur famille, mais, d’autre part, c’est un moyen unique et profitable pour ces femmes d’allier tradition familiale et nouvelle vision entrepreneuriale.
L’un des groupes de femmes était des tisserandes. Elles créent des couvertures, des porte-bébés, des châles et des vêtements traditionnels avec une touche de modernité. Nous avons pu voir des femmes et des filles à l’œuvre et constater l’incroyable travail derrière la confection de ces articles. Une petite fille de 7 ans était au côté de sa grand-mère, qui lui enseignait l’art du tissage. Nous avons d’ailleurs acheté certains articles. Il fallait les voir décrire et promouvoir leurs produits! Elles ont même encouragé la petite fille à vendre ses propres pièces; son visage s’est illuminé lorsqu’elle a conclu sa première vente.
Un autre groupe de femmes pratiquait l’art du perlage. Ces jeunes femmes ont entrepris la fabrication de broches, d’articles pour les cheveux, de bijoux et de porte-clés. C’était formidable de voir ces femmes sortir de leur zone de confort et se sentir fières de vendre leurs produits.
Le dernier groupe de femmes rencontré faisait partie d’un nouveau projet entrepris par le CCDA visant à accroître l’autonomisation des femmes en milieu rural. Ce nouveau projet s’intitule « Couper et créer ». Nous avons appris que la prochaine étape de leur collectif sera l’achat de machines à coudre industrielles, de tissus et de patrons en vue de fabriquer un volume plus important de sacs, de chemises et de pantalons. Les articles seront ensuite agrémentés de perles et de broderies, question de leur donner une touche traditionnelle. Une fois le projet en marche, elles espèrent ouvrir des boutiques pour faciliter la vente de leurs produits.
C’était beau de voir ces femmes sortir de leur foyer et contribuer au gagne-pain de leur famille, mais difficile d’entendre leur récit. La nécessité remplace ainsi la joie et les traditions; les jeunes filles apprennent le métier très tôt pour aider leur famille et doivent être productives. C’était également difficile de constater le faible prix de leurs articles, compte tenu de tous les efforts investis dans la production. C’est la dure réalité pour tous les artisans : ils ne peuvent tout simplement pas concurrencer les usines qui produisent en série. Je suis de tout cœur avec ces femmes et je suis d’autant plus reconnaissante de pouvoir créer mes propres objets sans que ce soit un gagne-pain.
Cette expérience m’a ouvert les yeux. Je comprends mieux l’importance de notre engagement envers la justice sociale et l’importance de poursuivre nos efforts par l’entremise du Fonds de justice sociale de l’AFPC. Je suis impatiente de raconter mon expérience et j’encourage d’autres personnes à participer au projet L’éducation à l’œuvre et à appuyer le Café Justicia, project de développement durable de vente café équitable du CCDA.
par Cheryl Jensen
Cheryl est membre de la section locale 30907 de l’UEDN et du Conseil du travail du district de Medicine Hat, en Alberta.