La pandémie renforce les inégalités chez les personnes ayant un handicap

Le 3 décembre, Journée internationale des personnes handicapées, nous offre l’occasion de réfléchir à la discrimination dont sont victimes les personnes ayant un handicap et de réaffirmer notre volonté de promouvoir l’inclusion et l’équité.

Cette année, il est particulièrement important de dénoncer les injustices et les inégalités que subissent les personnes ayant un handicap. Avec la pandémie de COVID-19, les groupes marginalisés ont vu le fossé se creuser et les personnes ayant un handicap, en particulier les femmes, les personnes racialisées et les Autochtones, se sont heurtées à de nouveaux obstacles.

Répercussions de la COVID-19

Au Canada, les embûches sont légion pour les personnes ayant un handicap : discrimination, chômage, et sous-emploi, difficulté d’accéder à de nombreux services et taux de pauvreté très élevés.Les travailleuses et les travailleurs ayant un handicap peinent à obtenir des mesures d’adaptation appropriées et doivent surmonter des obstacles liés au recrutement et aux promotions.

Les inégalités auxquelles font face les personnes ayant un handicap se sont accentuées en 2020. Selon une enquête récente de Statistique Canada, plus d’un tiers des personnes ayant un handicap ou un problème de santé chronique ont déclaré avoir subi une perte d’emploi temporaire ou permanente ou une réduction des heures de travail pendant la pandémie. Près du tiers ont également déclaré que leurs revenus avaient diminué, ce qui a eu un impact sur leur capacité à faire l’épicerie et à se procurer de l’équipement de protection individuelle. Plus de la moitié des répondants ont de la difficulté à respecter au moins une obligation financière ou à répondre à au moins un besoin essentiel.

Et comme si ce n’était pas assez, les personnes ayant un handicap ont aussi été exclues de certaines aides financières offertes par le fédéral à la population canadienne. En effet, bien des personnes ayant un handicap ou un problème de santé qui sont admissibles à des prestations d’invalidité n’ont pas eu droit aux prestations plus généreuses liées à la COVID-19, comme la Prestation canadienne d’urgence (PCU). Le gouvernement a récemment mis en place un petit paiement unique de 600 $ pour certaines personnes ayant un handicap, mais nombre d’entre elles ne peuvent en bénéficier. En effet, pour y avoir droit, il faut être admissible au crédit d’impôt pour personnes handicapées ou aux prestations d’invalidité du RPC. Or, ces deux prestations sont très difficiles d’accès et ne s’appliquent qu’en cas d’invalidités graves et prolongées.

À l’occasion de la Journée internationale des personnes handicapées, l’AFPC demande que le gouvernement :

  • augmente l’aide économique, améliore le revenu et offre un meilleur soutien à l’emploi aux personnes ayant un handicap pendant la reprise;
  • finance adéquatement le réseau des soins de longue durée et le nationalise;
  • mette sur pied une stratégie solide en matière de santé mentale à long terme adéquatement financée. Cette stratégie doit donner un accès universel aux professionnels de la santé mentale et à des ressources en santé mentale conçues spécifiquement pour les femmes, les groupes racialisés, les Autochtones et les LGBTQ2+.

Centres de soins de longue durée et autres établissements de soins

Les aînés ayant un handicap qui vivent dans des centres de soins de longue durée ont été les plus touchés par la pandémie. Et n’oublions pas les personnes souffrant de déficiences intellectuelles qui vivent dans des foyers collectifs, celles qui ont régulièrement recours à d’autres types d’établissements de soins, et celles qui ont besoin de logements supervisés (par exemple, des soins à domicile). Les éclosions survenues dans les centres de soins de longue durée et d’autres établissements ont révélé à quel point les personnes ayant un handicap ont été laissées pour compte.

Les personnes qui vivent dans des maisons de santé gérées par des entreprises privées à but lucratif sont plus vulnérables. Le risque de mourir de la COVID-19 est nettement plus élevé dans les établissements privés que dans les maisons gérées par des municipalités ou des organismes à but non lucratif. En effet, pour minimiser les coûts de la main-d’œuvre, les entreprises à but lucratif ont moins de personnel, paient des salaires moins élevés, offrent moins d’avantages sociaux et ne garantissent pas la sécurité d’emploi. De plus, très peu de membres de leur personnel ont les compétences requises. Revera, l’un des plus grands fournisseurs de soins de longue durée du secteur privé au pays, a connu des centaines de décès dans ses résidences et fait actuellement l’objet de poursuites judiciaires. L’AFPC, la Coalition canadienne de la santé et d’autres syndicats ont demandé au gouvernement de s’attaquer à la crise des soins de longue durée et de nationaliser Revera.

Problèmes de santé mentale de plus en plus fréquents

Les problèmes de santé mentale sont de plus en plus fréquents à cause du stress et de l’isolement croissants provoqués par la pandémie. Les Canadiennes et les Canadiens font état d’une détérioration de leur santé mentale et d’une augmentation des taux de consommation d’alcool et de drogues, ce qui les expose à un risque accru de troubles de santé mentale à long terme. De plus, les taux de suicide et les appels de détresse ont augmenté pendant la pandémie. Les répercussions sur la santé mentale ont été beaucoup plus marquées chez les femmes, les personnes racialisées et les Autochtones.

Même si les gouvernements, les employeurs et les médias parlent très souvent de « bien-être » et de solutions individuelles pour faire face aux problèmes de santé mentale, ils ne s’intéressent guère aux inégalités et aux obstacles auxquels font face les personnes qui ont des problèmes de santé mentale. De nombreuses personnes ayant un handicap physique souffrent également de troubles de la santé mentale. Elles ont déclaré que leur santé mentale s’était détériorée au cours des derniers mois en raison du stress causé par la pandémie.

Le gouvernement fédéral a annoncé de nouveaux financements pour les services en santé mentale, mais de nombreuses personnes n’ont toujours pas accès à des professionnels de la santé mentale tels que des psychologues et des travailleurs sociaux. Le Canada ne dispose toujours pas d’une solide stratégie à long terme, financée adéquatement, qui garantit l’accès universel aux soins de santé mentale dont la population a besoin.

Loi sur l’accessibilité

En juin 2019, le gouvernement fédéral a adopté la Loi canadienne sur l’accessibilité dont l’objet est de rendre la fonction publique fédérale ainsi que les services et lieux de travail sous réglementation fédérale accessibles et inclusifs. L’AFPC appuie les objectifs de la loi et fera pression sur le gouvernement pour qu’il adopte des règlements stricts et efficaces afin de s’assurer que la loi entraîne des changements concrets, en tenant compte des effets négatifs que la COVID-19 a révélés.

3 Décembre 2020