Encore soif de justice : l’eau potable, c’est un droit fondamental

Judy DaSilva se bat depuis plus de 20 ans contre l’empoisonnement au mercure et d’autres facteurs qui menacent l’approvisionnement en eau de sa communauté. Pour cette grand-mère et aînée de la Première Nation Grassy Narrows, c’est une question de justice et de réhabilitation culturelle.  

Il y a sept ans, l’AFPC et Grassy Narrows ont lancé la campagne Soif de justice pour réclamer l’accès à l’eau potable dans toutes les communautés des Premières Nations. À l’époque, plus d’une centaine d’entre elles n’avaient pas d’eau propre pour boire, cuisiner et se laver. Le gouvernement fédéral avait alors promis qu’en 2021, tous les avis à long terme sur la qualité de l’eau potable auraient été levés.  

Pourtant, 2023 approche et 104 avis sont toujours en vigueur. Le gouvernement s’est enfin décidé à financer une résidence pour les personnes empoisonnées au mercure, mais en quelques années à peine, deux anciens chefs de Grassy Narrows sont décédés à un trop jeune âge, principalement des séquelles de l’empoisonnement au mercure.  

La communauté de Grassy Narrows tente toujours d’obtenir un dédommagement équitable pour les torts causés par ces décennies d’empoisonnement. Elle se bat aussi pour la fin de l’exploitation minière et forestière sur son territoire et le rétablissement du mode de vie qui était sien avant que la pollution industrielle ruine ses terres, son eau et l’existence de ses membres.  

« Il nous ont volé notre mode de vie, et on se bat pour le retrouver, pour que nos jeunes aient une chance de s’en sortir », soutient Chrissy Isaacs, une grand-mère de la communauté. 

Au pays, bien d’autres personnes – dont des membres de l’AFPC – se battent, elles aussi, pour l’accès à l’eau potable, un des droits les plus fondamentaux.  

C’est pourquoi l’AFPC a lancé la campagne Encore soif de justice cette année. Son but : exiger du gouvernement fédéral qu’il finance des infrastructures essentielles et protège l’eau des communautés, comme il l’a promis.  

Dans certains cas, dont celui d’Iqaluit, on doit la contamination de l’eau aux infrastructures mal entretenues et vieillissantes. Ailleurs, c’est la pollution industrielle des terres et des réseaux de distribution qui pose un grave danger pour la sécurité de l’approvisionnement en eau.   

Reste encore la question des avis sur la qualité de l’eau potable. Le gouvernement fédéral brosse un tableau optimiste, mais très partiel de la situation. En effet, les nombreuses communautés qui ne sont pas connectées au réseau public n’y figurent pas. À titre d’exemple, 80 % de la Nation cri Samson dépend de puits et de citernes. Celles où les avis à court terme se succèdent depuis des décennies ne sont pas non plus représentées. Bref, l’ensemble des statistiques raconte une tout autre histoire.  

Pour de nombreuses communautés autochtones, l’eau est sacrée, car porteuse de vie. Elle l’est pour nous tous. Le gouvernement fédéral a eu amplement le temps de régler la crise de l’eau et de favoriser la souveraineté des communautés autochtones sur leur eau, leurs terres et leurs ressources – des conditions essentielles à la réconciliation.  

Il est temps qu’il s’exécute. L’AFPC continuera de lutter aux côtés des communautés autochtones pour qu’elles aient enfin accès à de l’eau potable. 

Lisez les histoires d’eau des membres de l’AFPC, renseignez-vous et battez-vous pour le droit à l’eau potable. 

 

 

PORTRAIT DE MEMBRE 

« La communauté autochtone où j’ai grandi n’avait pas d’eau courante. On allait chercher de l’eau au puits tous les jours pour nourrir les animaux, laver les planchers et faire la vaisselle. C’était difficile. Je sais que l’eau est précieuse, alors je ferme le robinet quand je me brosse les dents et je prends des douches courtes.  

« L’eau de notre puits était propre, mais dans plusieurs communautés, elle était souvent brunâtre et les gens devaient la faire bouillir, même pour se laver. L’eau potable est un droit fondamental. Le Canada doit traiter tout le monde humainement. On a besoin d’eau potable, pas de promesses en l’air. C’est urgent. » 
— Dana Kelly, membre de l’AFPC-Prairies 

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1 Décembre 2023