Éditorial, Le Rassembleur, décembre 2022

Au Canada, la vérité et la réconciliation est une courtepointe difficile à assembler. Les dernières années ont mis au jour d’affreuses vérités. Nous avons pleuré avec les familles de centaines de filles et de femmes autochtones disparues ou assassinées. Nous avons vu le gouvernement revenir sur sa promesse d’éliminer les avis à long terme sur la qualité de l’eau potable. Nous avons ressenti la honte et l’indignation collectives qu’a fait naître la découverte de fosses communes près d’anciens pensionnats pour Autochtones.  

Ce sont des réalités cruelles et injustes, mais pas grand-chose n’a changé. La preuve : seuls 14 des 94 appels à l’action lancés par la Commission de vérité et réconciliation il y a sept ans ont été réalisés.  

C’est vrai qu’il y a eu du progrès. De fil en aiguille, le Canada a nommé sa première gouverneure générale autochtone, Mary Simon. La Journée nationale de vérité et réconciliation est maintenant un jour férié. Et les communautés autochtones de la Colombie-Britannique sont les premières au pays à diriger leurs propres services à l’enfance et à la famille – un grand pas vers l’autodétermination.  

Mais la réconciliation est une œuvre de longue haleine, que nous tissons beaucoup trop lentement. 

Vérité et réconciliation doivent rimer avec action. Pour ça, il faut que nos bonnes intentions se transforment en changement durable. Découvrir comment nos institutions et les colonisateurs que nous sommes – moi inclus – ont contribué à maintenir le statu quo. Pour ça, il faut assumer le terrible héritage de la colonisation et défaire l’iniquité qu’il a engendrée.  

Reconnaître les torts du passé ne suffit pas. Il faut se battre pour les redresser.  

Votre syndicat est conscient qu’il doit faire mieux. Même s’il défend activement les droits de la personne, ses structures reposent indéniablement sur un passé colonial. Nous savons qu’il faut découdre nos habitudes. Nous réexaminons nos façons de faire, nos conventions collectives et nos politiques. Notre but ultime : être plus inclusifs, équitables et redevables.  

Ce numéro du Rassembleur donne un aperçu de nos travaux en ce sens. Nous sommes encore loin du but et il faudra du temps pour l’atteindre. Pour bien faire les choses, nous devrons suivre le patron dessiné par les communautés autochtones et nous laisser guider par leurs membres et leurs leaders.  

J’espère que ces quelques pages vous convaincront de tisser avec nous la grande œuvre de la réconciliation. C’est une tâche que nous devons entreprendre ensemble, dans la solidarité. 

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6 Janvier 2023