Au Canada, environ deux millions de personnes poursuivent des études postsecondaires. Parmi ces esprits enthousiastes se trouvent les futurs leaders de nos entreprises, de nos gouvernements et de notre société.
On comprend donc l’importance capitale d’investir dans les collèges et les universités. Le postsecondaire, c’est la clé de l’innovation et de la croissance économique du Canada sur la scène internationale. Malheureusement, après des années de sous-financement chronique et de négligence, ce secteur traverse une crise qui menace sa survie.
À l’échelle provinciale, le sous-financement systématique des établissements postsecondaires a laissé dans son sillage instabilité financière, coupes et précarité d’emploi. Le budget fédéral de 2024 proposait certaines mesures utiles, mais insuffisantes. Aux premiers jours de son mandat, le premier ministre Mark Carney a l’occasion d’établir un nouveau plan d’action. Il peut décider d’octroyer un financement permanent, prévisible et à l’abri des caprices politiques.
Le caractère imprévisible du financement gouvernemental a contraint les universités et les collèges à fermer des programmes, à augmenter les droits de scolarité et à miser de plus en plus sur les étudiantes et étudiants étrangers pour éviter de sombrer. Ce genre de mesure ne devrait jamais être nécessaire. C’est au gouvernement d’investir dans un système qui sert équitablement l’ensemble de la communauté étudiante.
Il y a des solutions. En 2021, la députée néo-démocrate Heather McPherson a déposé le projet de loi C-312, Loi canadienne sur l’éducation postsecondaire. Celui-ci prévoyait la scission du Transfert canadien en matière de programmes sociaux en deux volets distincts, le second étant réservé à l’enseignement postsecondaire. Pour recevoir ces fonds, les provinces auraient dû répondre à des critères précis en matière d’accessibilité, d’abordabilité et de qualité. Ce projet de loi constituait une étape cruciale pour faire de l’enseignement postsecondaire une priorité nationale.
En plus de permettre aux établissements de survivre, le Canada doit aussi investir davantage dans la recherche et l’innovation. Les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), le Conseil de recherche en sciences naturelles et en génie (CRSNG) et le Conseil de recherche en sciences humaines (CRSH) subventionnent des recherches de calibre mondial. Faute d’investissements dans ces trois organismes, le Canada risque de tirer de l’arrière en science et en technologie.
Alors que le premier ministre Carney s’apprête à former son cabinet et à établir le programme de son gouvernement, il doit faire de l’enseignement postsecondaire une priorité. Financer les études supérieures ne profite pas qu’à la communauté étudiante et scientifique – il en va de la compétitivité et du leadership du Canada à travers le monde.
Dans son discours de victoire, le premier ministre nous incitait à faire preuve d’ambition, d’audace et de courage pour affronter la crise actuelle. S’il veut un Canada fort, alors il lui faut mettre le réseau postsecondaire au cœur de son plan.