Je m’appelle Cathy O’Kane et je suis commis aux comptes à la base de Gagetown. Je suis aussi la vice-présidente du personnel des Fonds non publics (FNP) à l’Union des employés de la Défense nationale (UEDN), pour lesquels je travaille depuis 34 ans.
La présente ronde de négociations est très importante pour moi, parce que je suis dans le même bateau que les gens que je représente. En effet, lorsqu’on travaille pour les FNP, on doit malheureusement avoir un deuxième emploi pour joindre les deux bouts.
Comme la majorité du personnel des FNP, j’ai un lien étroit avec l’armée. Mon père était militaire, et mes frères et sœurs sont nés dans diverses régions du pays. Je me souviens de l’aide que ma mère recevait quand mon père n’était pas là. Ç’a fait toute la différence.
Les gens croient que les emplois dans une base militaire sont bien payés. Le personnel des bases est censé avoir des conditions semblables à celui du ministère de la Défense nationale, mais on est plutôt traités comme des employés de seconde classe.
On est fiers des services qu’on fournit aux militaires et à leurs familles, mais nos faibles salaires nous rendent la vie difficile. Si on n’arrive pas à conclure une entente à la table, nous serons prêts à débrayer.
Quand j’ai commencé à travailler pour les FNP, j’étais une employée occasionnelle et une mère monoparentale. Tout ce que je faisais était pour subvenir aux besoins de ma famille. Nous n’étions que ma fille et moi, mais j’avais de la difficulté à joindre les deux bouts. J’ai dû avoir recours à l’aide sociale, même après avoir obtenu un poste à temps plein, après huit ans. Je n’ai aucune honte à l’avouer. Ce qui est honteux, c’est qu’encore aujourd’hui, mon employeur ne paye pas assez son personnel pour que celui-ci puisse satisfaire ses besoins essentiels.
Faire l’épicerie était toujours une source de stress, alors on jouait à un jeu, ma fille et moi : elle devait additionner le prix de tout ce qu’on mettait dans le panier. En réalité, à son insu, je vérifiais que le total ne dépasserait pas ce que j’avais dans mon portefeuille.
Quand je demande à ma fille (maintenant mère) ce qu’elle pense de son enfance, elle affirme qu’elle ne s’est jamais rendu compte qu’on avait eu besoin d’un coup de pouce. Je suis très fière d’avoir réussi à faire en sorte qu’on ne manque de rien, malgré un salaire frôlant le seuil de pauvreté.
Certains membres aux FNP quittent leur emploi, même un poste à temps plein, pour obtenir un emploi occasionnel au ministère de la Défense nationale (MDN). On est donc prêts à prendre le risque de quitter un emploi à temps plein qui permet à peine de payer les factures pour accepter un contrat à court terme garantissant un meilleur salaire. Cela en dit long sur notre situation.
J’ai dû attendre plus de 30 ans pour obtenir un salaire équivalent à celui d’un employé occasionnel au MDN, mais j’y reste quand même. Je veux améliorer les choses pour tous les membres aux FNP, dans l’espoir que personne d’autre n’ait à vivre ce que j’ai vécu.
On doit se battre pour défendre nos intérêts si l’on veut que les choses changent.