Le Canada doit cesser de soutenir le gouvernement anticonstitutionnel d’Haïti

En réponse à l’appel de solidarité de la société civile haïtienne, l’AFPC se joint aux syndicats et organismes de justice sociale de l’ensemble du Canada pour demander au premier ministre Justin Trudeau de ne plus soutenir le gouvernement inconstitutionnel de Jovenel Moïse.

Jovenel Moïse a refusé d’abdiquer même si son mandat à la présidence de Haïti est officiellement arrivé à terme le 7 février dernier. Il a intensifié la campagne de terreur auprès de la population, révoqué arbitrairement trois juges de la Cour suprême, nommé trois remplaçants par décret et arrêté une vingtaine d’opposants, alléguant à tort qu’ils tentaient de renverser son gouvernement.

Avant son élection, Jovenel Moïse, un homme d’affaires qui s’est déjà comparé à Donald Trump, a exproprié des centaines de paysans pour créer sa plantation privée de bananiers. Il est arrivé au pouvoir en 2017 après deux élections présidentielles consécutives soutenues par le Canada. Ces élections ont été entachées d’irrégularités et n’ont suscité qu’une très faible participation. D’ailleurs, la majorité des Haïtiens n’a jamais accepté les résultats de ces élections.

Dans les années qui ont suivi, la corruption et l’autoritarisme du gouvernement Moïse ont provoqué de violentes manifestations populaires dans l’ensemble du pays, manifestations qui ont été violemment réprimées. Jovenel Moïse, devenu de plus en plus répressif, a fait appel à des bandes armées pour terroriser la population des quartiers pauvres majoritairement opposés à son régime. En fait, le leader de la Confédération des travailleurs et travailleuses des secteurs public et privé (CTSPP) – centrale syndicale haïtienne qui défend les services publics et les droits des travailleurs – a récemment été victime de harcèlement et d’attaques par un gang armé commandité par Jovenel Moïse.

En octobre 2019, Jovenel Moïse a également refusé de tenir des élections dûment mandatées par la Constitution du pays et gouverne depuis par décrets. Il a tenté de modifier la Constitution du pays pour permettre au titulaire de la présidence de poursuivre plusieurs mandats consécutifs – pratique interdite en Haïti depuis l’ère des Duvalier.

« Tragiquement, le Canada travaille contre l’établissement de la démocratie en Haïti depuis 20 ans, se rangeant trop souvent du côté des politiciens de droite qui se soucient peu de la majorité pauvre haïtienne », déplore Chris Aylward, président national de l’AFPC.

« En 2004, le gouvernement libéral canadien de l’époque avait aidé à renverser le gouvernement haïtien démocratiquement élu. Aujourd’hui, le gouvernement Trudeau se prépare à légitimer une dictature qui commet de graves violations des droits de la personne. Le Canada doit plutôt respecter la volonté du peuple haïtien et travailler dans les plus brefs délais avec les groupes de la société civile pour aider Haïti à élire, de façon démocratique, libre et légitime, le prochain gouvernement. »

En décembre dernier, le président Aylward a fait parvenir une lettre au premier ministre Trudeau condamnant la violence à l’encontre des syndicats et de leurs dirigeants sanctionnée par le gouvernement haïtien. 

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10 Mars 2021