Article d’opinion du président national, Chris Aylward, publié le 30 septembre 2023 dans le Droit.
Le 30 septembre est la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, une occasion de se souvenir des enfants autochtones disparus et des survivantes et survivants de partout au Canada ayant été arrachés à leur famille et envoyés de force dans les pensionnats.
Ces enfants disparus sont appelés Le Estcwicwéyè (qui signifie « les disparus » dans la langue du peuple Tk’emlúpsemc, en Colombie-Britannique). Il est important de les nommer ainsi, alors que les communautés autochtones continuent d’être frappées par la triste réalité de devoir chercher des cadavres sur les terrains des anciens pensionnats.
Au total, 150 000 enfants de 4 à 16 ans des Premières Nations et des peuples métis et inuits ont fréquenté 144 pensionnats. De ce nombre, au moins 4 100 y sont officiellement morts, sans compter les enfants dont les corps continuent d’être découverts.
Environ 1967 fosses ont été découvertes grâce à la technologie radar, mais seuls 11 sites de pensionnats ont fait l’objet de fouilles.
Selon la Indian Residential School Survivors Society, plus de 10 000 enfants auraient été inhumés dans des lieux non identifiés sur le site de pensionnats et d’hôpitaux indiens partout au pays; il reste donc un immense travail à faire pour retrouver tous Le Estcwicwéyè.
Le gouvernement fédéral a promis d’investir 320 millions de dollars pour aider les communautés autochtones à fouiller les lieux de sépulture d’anciens pensionnats et soutenir les survivantes et survivants et leurs communautés. Toutefois, il a pris cet engagement après que des centaines de dépouilles ont été découvertes, grâce aux efforts de différentes Premières Nations qui ont décidé de prendre les choses en main.
Le premier ministre Justin Trudeau et le ministre des Relations Couronne-Autochtones, Gary Anandasangaree, savent bien que ce montant ne suffira pas, vu l’ampleur de la tâche.
Il est temps que le gouvernement redouble d’efforts pour étendre les recherches avec géoradar à tous les sites et terrains adjacents des anciens pensionnats, afin de trouver d’autres sépultures. C’est la seule façon de réellement lever le voile sur ce génocide et d’honorer la mémoire des enfants disparus.
Aucune résolution n’est possible si nous n’avançons pas ensemble vers la réconciliation et la guérison. Nous avons toutes et tous un rôle à jouer et une responsabilité d’aider les communautés dans leur quête de vérité et de justice.
Ce 30 septembre, moment de réflexion et de commémoration concernant le douloureux héritage et les séquelles des pensionnats, il nous faut aussi presser le gouvernement fédéral d’étendre sur-le-champ les recherches à tous les anciens pensionnats.
Ensemble, nous devons dévoiler la vérité sur Le Estcwicwéyè, honorer leur mémoire et prendre des mesures concrètes vers la réconciliation.
Chris Aylward, président national de l’Alliance de la Fonction publique du Canada