Attaque de front du fédéral contre les droits du travail : il est temps que ça cesse

Article d’opinion de Sharon DeSousa, présidente nationale de l’Alliance de la Fonction publique du Canada, publié le 1er septembre dans The Hill Times.

En plus d’être un jour férié, la fête du Travail est un appel à l’action. Un cri de ralliement qui rappelle aux travailleuses et travailleurs que ces droits qui vont maintenant de soi ont été chèrement acquis par des gens qui se sont serré les coudes et ont refusé de céder. 

Si vous ou vos proches avez déjà bénéficié de congés de maladie payés, d’un congé parental, de l’assurance-emploi ou des pensions publiques, pensez à remercier le mouvement syndical. Et préparez-vous à défendre ces droits, car le combat est loin d’être terminé. 

Ça fait des décennies que les travailleuses et travailleurs se solidarisent, descendent dans les rues et érigent des piquets de grève pour améliorer le sort de tout le monde. Leurs victoires, loin de se limiter à de meilleurs salaires et conditions de travail, ont changé des vies et bâti l’avenir. Elles ont propulsé la quête d’équité des femmes, des personnes de genres divers, des Autochtones, des personnes ayant un handicap et d’autres communautés. 

Le nerf de la guerre? Des négociations collectives libres et équitables. Le droit de grève fondamental des travailleuses et travailleurs. Bref, la fondation d’une démocratie véritable.

Malheureusement, cette fondation se fissure. 

Au pays, plusieurs gouvernements bafouent allègrement ces droits et attaquent les fondements de la négociation collective. Pensons à Doug Ford, qui a invoqué la clause dérogatoire en Ontario, ou au gouvernement Carney, qui s’est appuyé sur l’article 107 du Code canadien du travail pour mettre fin à la grève des agentes et agents de bord d’Air Canada cet été.

L’article 107 a beau passer sous le radar de bien des gens, il n’en est pas moins dangereux.

Il donne au gouvernement fédéral le pouvoir de forcer les travailleuses et travailleurs à retourner au travail durant une grève légale. Il les prive de leur pouvoir à la table de négociation tout en sauvant la mise à des employeurs qui n’ont jamais eu l’intention de les traiter équitablement. Et il enfonce le clou en disant à tous les travailleurs et travailleuses que leur pouvoir dépend du bon vouloir du gouvernement.

Le gouvernement s’est armé de l’article 107 contre les agentes et agents de bord membres du SCFP qui se battaient pour un traitement équitable, des salaires plus justes et de meilleures conditions de travail. Les grévistes ont résisté à cette manœuvre et négocié une nouvelle entente qui hausse la barre pour l’ensemble du secteur de l’aviation.

L’an dernier, c’était au tour des travailleuses et travailleurs des postes d’être forcés de retourner au travail sans être respectés ni appréciés à leur juste valeur. Mais ils n’ont pas baissé les bras et visent toujours une entente à leur mesure.

Soyons clairs : la seule voie vers des conventions collectives durables et équitables, c’est la table de négociation.

Mais quand les employeurs peuvent compter sur l’ingérence du gouvernement pour les tirer d’affaire, ils cessent de négocier de bonne foi et l’équité devient chimère. C’est mauvais pour les travailleuses et les travailleurs… et pour toutes les personnes qui dépendent des services qu’ils fournissent.

La grève est un dernier recours, mais c’est parfois la seule façon de se faire respecter lorsque les employeurs ne jouent pas franc-jeu.

Les parlementaires seront bientôt de retour à Ottawa. L’AFPC et d’autres syndicats canadiens les attendent de pied ferme pour les exhorter à abolir l’article 107.

L’avenir réserve encore plus de victoires aux travailleuses et travailleurs. Ensemble, nous surmonterons tous les obstacles sur notre passage.

3 Septembre 2025