AFPC-UEDN : le gouvernement doit intervenir pour éliminer le climat toxique dans l’armée, souligne un rapport accablant

Le rapport d’un examen externe sur les conditions de travail dans l’armée canadienne rendu public cette semaine met en lumière l’ampleur du harcèlement et des agressions systémiques qu’ont subis des milliers de militaires et de membres civils de l’AFPC au ministère de la Défense nationale (MDN).

Le rapport de l’examen mené par Louise Arbour, ancienne Haute-Commissaire des Nations Unies et ex-juge, critique sévèrement les conditions de travail toxiques et la résistance au changement qui sévissent depuis des décennies dans l’armée canadienne.

« Ce n’est pas la publication d’un rapport qui éradiquera miraculeusement le harcèlement et les agressions systémiques, mais on va s’en servir pour pousser le gouvernement à poser des gestes concrets », affirme June Winger, présidente nationale de l’Union des employés de la Défense nationale (UEDN), qui représente plus de 18 000 personnes travaillant à la Défense nationale. 

Plutôt que de s’attarder aux cas particuliers de harcèlement, le rapport souligne à quel point la misogynie, le racisme envers les personnes autochtones, noires et racialisées et l’homophobie envers les personnes LGBTQ2+ sont omniprésents et largement tolérés au sein de l’armée canadienne. Cela a créé un environnement où il est extrêmement difficile, voire impossible de dénoncer les abus sans crainte de blâme ou de représailles.

Les recommandations de Mme Arbour comprennent l’évaluation des processus de sélection des hauts dirigeants, le suivi de l’examen de 2015 de la juge Deschamps, l’évaluation du mandat du Centre d’intervention sur l’inconduite sexuelle ainsi que l’examen de la structure de gouvernance des collèges militaires du CMR Saint-Jean et du CMR Kingston.  

« Pendant trop longtemps, on a considéré le harcèlement et les agressions sexuelles comme des cas particuliers plutôt que le résultat d’un abus de pouvoir systémique maintenu par des politiques, des procédures et des pratiques de travail dans l’armée canadienne », précise Chris Aylward, président national de l’AFPC. « Assez, c’est assez. Il est grand temps de mettre fin aux simples réprimandes et de prendre des mesures concrètes afin d’éliminer les conditions de travail toxiques. »

Mme Arbour conclut que les Forces armées canadiennes, ainsi que le MDN, sont incapables de s’améliorer par eux-mêmes puisqu’ils ne sont pas réglementés. Les déséquilibres de pouvoir, le rang et l’autorité ont servi à masquer la toxicité et la violence dans tous les aspects de la chaîne de commandement militaire. 

« Il est grand temps qu’on apporte des changements quantifiables et durables – du recrutement aux pratiques de gestion de la haute direction, ajoute June Winger. On ne peut pas tolérer une culture de travail qui récompense la toxicité et réduit les victimes au silence. » 

L’AFPC-UEDN s’attend que le gouvernement fédéral donne suite aux recommandations formulées dans le rapport de Mme Arbour afin d’améliorer la reddition de comptes et la culture organisationnelle au sein de l’armée canadienne. Le syndicat, qui représente des dizaines de milliers d’employées et d’employés civils travaillant dans les milieux de travail militaires, veut prendre part aux discussions sur leur mise en œuvre.

Ce rapport fait suite au militantisme d’innombrables survivantes et survivants qui ont transformé leurs expériences personnelles, souvent au prix de grands risques personnels, en actions concrètes pour faire en sorte que les milieux de travail ne soient pas la source de « rêves brisés et de déceptions ».  

 
Les discussions sur le harcèlement sexuel et professionnel peuvent susciter des réactions et des émotions pénibles. Si vous avez besoin d’aide, consultez ces ressources 

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1 Juin 2022