Depuis plus de 20 ans, David Martin est technicien en traitement des eaux industrielles à la base militaire de Goose Bay. Son travail : veiller à ce que la base ne manque jamais d’eau potable.
En tant qu’Inuit, il s’estime chanceux. L’accès à l’eau potable est un privilège que bien des gens au pays tiennent pour acquis. Un trop grand nombre de communautés autochtones ne peuvent en dire autant.
En 2015, le gouvernement libéral avait promis l’accès universel à l’eau potable d’ici 2021. Or, 67 avis à court et à long terme sur la qualité de l’eau sont toujours en vigueur dans des réserves des Premières Nations. De plus, les avis d’ébullition dans de nombreuses communautés inuites et métisses ne figurent pas dans les données officielles.
L’accès à l’eau potable est un droit fondamental. Sans eau potable, on s’expose à une myriade de problèmes de santé. On a donc affaire à une crise sanitaire dont le gouvernement ne se préoccupe pas assez.
Pour David, ce ne sont pas les solutions qui manquent, et cellesci sont généralement simples. Le problème réside dans le manque de financement du fédéral pour les mettre en place et régler cette crise sanitaire.
Selon le rapport du directeur parlementaire du budget 2021, Ottawa accuse un déficit de financement annuel de 138 millions de dollars pour la construction et l’entretien des réseaux d’aqueduc dans les communautés des Premières Nations.
« Une étude complète de tous les endroits contaminés s’impose, estime David. Le gouvernement doit absolument évaluer la gravité de la situation. Ça lui permettra d’étudier les diverses méthodes de traitement des eaux et de déterminer si les populations peuvent continuer à vivre sans danger dans leur collectivité. »
L’étape suivante serait de choisir la méthode de décontamination.
« Toute solution doit être dirigée par les Autochtones, explique David. C’est le seul moyen de régler le problème à long terme. Les communautés autochtones en ont assez de l’attitude paternaliste du gouvernement. Elles veulent plus de contrôle sur leur approvisionnement en eau, leurs territoires et leurs ressources. C’est d’ailleurs un aspect essentiel de la réconciliation. »
Michelle Woods, qui travaille à Services aux Autochtones Canada, représente l’Ontario au Comité national des peuples autochtones. Elle aussi est d’avis que la résolution de la crise d’eau potable passe par un financement adéquat.
« Il faut sensibiliser les gens, dit-elle, les informer de la situation actuelle, et les inciter à se renseigner sur les conditions de vie dans les collectivités touchées et sur les risques pour la santé de leur population. »
L’eau est essentielle à nos collectivités, à la vie. Nous avons le devoir de bien la gérer, avec le concours des peuples autochtones.
Pour en savoir plus sur le combat de l’AFPC et des communautés autochtones pour l’accès à l’eau potable, renseignez-vous sur la campagne Encore soif de justice.