Un discours du Trône porteur d’espoir : encore faut-il agir

Dans le discours du Trône prononcé cette semaine, le gouvernement fédéral dégage les grandes lignes de sa vision pour la reprise économique du pays. Les nombreux engagements pris par les libéraux mettent l’austérité en arrière-plan et enjoignent aux ultra-riches à fournir leur part d'efforts. Ces engagements profiteront aux membres de l’AFPC et à leurs familles, mais seulement s’ils se traduisent par des mesures concrètes. À nous de nous assurer que le gouvernement livre la marchandise. Ce qui suit met en relief certains de ces engagements.

Services de garde d’enfants

L’AFPC se réjouit de l’engagement pris par le gouvernement Trudeau de créer un système national pour l’apprentissage et la garde des jeunes enfants.

La décision du gouvernement de « réaliser un investissement important, soutenu et à long terme dans la mise en place d’un système d’apprentissage et de garde des jeunes enfants à l’échelle du Canada » survient après des années de pressions exercées par l’AFPC, le mouvement syndical et des organismes de promotion des services de garde. Le plan appuiera des millions de familles partout au pays, favorisera une solide reprise économique et aidera les femmes à conserver, malgré la pandémie, les gains sociaux et économiques acquis au cours des trente dernières années.

Nous sommes impatients de voir quelle forme prendra cet engagement dans le prochain budget.

Racisme systémique dans la fonction publique

Les personnes noires et racialisées sont sous-représentées dans la fonction publique fédérale, surtout parmi les cadres et la haute direction, et doivent surmonter beaucoup plus d’obstacles pour leur avancement professionnel.

Nous sommes donc satisfaits de voir que le gouvernement promet d’adopter une approche pangouvernementale fondée sur une meilleure collecte de données désagrégées et de mettre en œuvre un plan d’action visant à accroître la représentation dans les recrutements et les nominations ainsi que le développement du leadership au sein de la fonction publique.

La collecte de données désagrégées nous permettra de mieux cerner les lacunes en matière d’équité et de diversité au sein de la fonction publique. À l’heure actuelle, les communautés noires et racialisées sont regroupées en une catégorie unique, celle des minorités visibles. Cet amalgame ne nous aide pas à approfondir notre compréhension de l’incidence de la discrimination sur la représentation de ces différentes communautés.

Nous espérons que cet engagement envers la représentativité s’accompagnera de mesures visant à éliminer les obstacles systémiques à la dotation et au recrutement dans la fonction publique, notamment les préjugés inconscients, l’accès limité à la formation en langue seconde et les exigences rigoureuses liées à la preuve des titres de compétences étrangers.

Assurance-emploi

Nous sommes satisfaits de voir que le gouvernement ait décidé d’adapter le régime l'assurance-emploi aux besoins des travailleurs autonomes et de ceux de l'économie à la demande. Le gouvernement fédéral a également annoncé que les personnes admissibles à la transition de la PCU à l'AE recevront 500$ par semaine au lieu de 400$, et qu'une indemnité nationale de 10 jours de congé de maladie sera également mise en place. Nous espérons que les plans du gouvernement pour l’assurance-emploi reflèteront toutes les recommandations que lui a présentées l’AFPC.

Peuples autochtones

Le discours du Trône réitère plusieurs des engagements pris par le gouvernement envers les peuples autochtones : combler les lacunes en matière d’infrastructure; accélérer les travaux réalisés dans le cadre du Plan d’action national pour donner suite aux appels à la justice énoncés dans le rapport de l’ENFFADA; mettre en œuvre la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones; élaborer conjointement avec les Premières Nations, les Inuits et la Nation métisse une loi sur la santé des Autochtones.

Malheureusement, le succès n’a pas été au rendez-vous et s’il y a eu des progrès, ils se sont trop fait attendre. Reprendre de vieilles promesses ne suffit plus. Si le gouvernement tient à la réconciliation avec les peuples autochtones, il devra passer sans plus tarder de la parole à l’acte, comme nous l’espérons.

Environnement

Comme on s’y attendait, le gouvernement se lance en grand dans la lutte contre les changements climatiques et la création d’emplois verts. Le discours du Trône fait état de plusieurs secteurs d’activité, notamment les énergies propres, l’eau potable et les objectifs zéro émission.

Nous saluons l’objectif que s’est donné le gouvernement de faire du Canada un leader mondial de la lutte contre les changements climatiques. Mais notre optimisme est tempéré par les nombreux échecs du passé et la hausse continue des émissions de gaz à effet de serre au Canada. Le gouvernement n’a même pas réussi à tenir des promesses élémentaires, comme celle de planter deux milliards d’arbres. Notre planète et nos collectivités ne peuvent plus attendre. C’est maintenant ou jamais.

Soins de longue durée

Le gouvernement a promis de travailler avec le Parlement pour apporter des modifications au Code criminel afin de sanctionner de manière claire les personnes qui négligent et mettent en danger les aînés dont ils prennent soin. Il collaborera aussi avec les provinces et les territoires en vue d’établir de nouvelles normes nationales pour les soins de longue durée afin que les personnes âgées bénéficient du meilleur soutien possible.

Ce premier pas dans la bonne direction, bien que réjouissant, se heurte à un problème de taille : la forte présence du secteur privé à but lucratif dans le domaine des soins de longue durée. Le Régime de retraite de la fonction publique est propriétaire de Revera, l’un des principaux réseaux d’établissements de soins de longue durée à but lucratif du pays. Nous demandons qu’il se serve de cette influence pour nationaliser Revera. Tant que l’appât du gain incitera les fournisseurs à prendre des raccourcis, la santé de la population sera compromise.

Assurance-médicaments

Le gouvernement dit continuer de croire en un régime national universel d’assurance-médicaments et vouloir accélérer les étapes pour le mettre en place. Pourtant, il s’est traîné les pieds. Qui vivra verra.

Enfin, nous savons que les membres de l’AFPC connaissent par cœur ces promesses et la tendance du gouvernement à les oublier. Cela dit, une occasion unique s’offre à nous de forcer ce gouvernement minoritaire à agir. Il a déjà pris un virage sans précédent en refusant de tomber dans le piège de l’austérité, rassemblant ainsi les conditions nécessaires à des changements concrets. C’est à nous de pousser le gouvernement dans la bonne direction et soyez assurés que l’AFPC sera parmi ceux qui pousseront le plus fort.

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25 Septembre 2020