Harcèlement à la Défense nationale

Avertissement : Le texte qui suit contient des éléments qui pourraient déclencher un traumatisme psychologique chez certaines personnes.

Une membre lutte pour protéger ses collègues et mobiliser les survivantes et survivants

Pendant des années, Krystina MacLean, débardeuse en Colombie-Britannique, a été victime de racisme et de harcèlement sexuel au travail. Elle a essayé de l’ignorer, et on lui a dit d’abandonner et de passer à autre chose. 

Sud-asiatique d’origine, elle a constamment subi du harcèlement de la part de ses collègues et même de son patron. 

Lisez l’histoire de Krystina MacLean sur le site de la CBC (en anglais seulement).

Elle a enduré la discrimination pendant des années jusqu’à ce qu’elle décide de rompre le silence en 2011, en demandant le soutien de son syndicat et en déposant plusieurs griefs et plaintes.

Elle a fini par recevoir une indemnisation, mais elle a dû encaisser des représailles et une délégitimation au travail. 

Aujourd’hui, Krystina se concentre sur l’avenir : elle veut faire de la Défense nationale un lieu de travail où les femmes et les hommes noirs, racialisés et autochtones se sentent bien et en sécurité. Elle a vu des gestionnaires être promus alors qu’ils étaient au courant des cas de harcèlement et n’ont rien fait pour les régler. Elle veut que ça change. 

« Dans l’armée, on vise la perfection. Personne ne fait de faux pas », explique Krystina. « Les gestionnaires ont peur de reconnaître tout ce qui dépasse les bornes, par crainte de perdre une promotion. Ils font disparaître les problèmes – c’est-ce qu’ils ont essayé de faire avec moi. » 

Elle veut qu’on arrête d’ignorer les problèmes et qu’on commence à les résoudre. « Et si on accordait les promotions aux personnes qui reconnaissent que les choses doivent changer et se retroussent les manches pour y arriver? » 

Selon Krystina, l’approche Thérapie, Éducation et Responsabilité est la clé pour renverser la situation.

Tous les fonctionnaires ont accès à des soins de santé mentale. Pourtant, lorsqu’elle a demandé à suivre une thérapie, elle s’est heurtée à des difficultés procédurales, à la stigmatisation et à plusieurs interrogatoires. 

Krystina souhaite que le ministère impose à tout son personnel une formation contre l’oppression et le harcèlement animée par des survivantes et survivants. 

Selon June Winger, présidente nationale de l’Union des employés de la Défense nationale, le climat de travail est très toxique à la Défense nationale. Le ministère doit être revu de fond en comble. 

« C’est une crise de leadership et de responsabilité », déplore-t-elle. « Seuls les dirigeants peuvent y mettre fin. » 

Le cas de Krystina n’est pas le premier. Citons la victoire historique de Bonnie Robichaud devant la Cour suprême en 1987. Cette ancienne membre de l’UEDN s’est battue contre le harcèlement sexuel à la Défense nationale, a porté sa cause devant le plus haut tribunal du pays et a fini par gagner. Elle a créé un précédent national selon lequel tous les employeurs doivent garantir un milieu de travail sûr et exempt de harcèlement.

« Il a fallu beaucoup de temps pour en arriver là », déclare Bonnie. « J’ai persisté et ils ont fini par comprendre que je n’irais nulle part et que je ne m’effondrerais pas. Pour eux, j’étais un problème. Ils pourraient dire la même chose de Krystina, mais c’est faux. Elle est une solution. »

L’AFPC et l’UEDN auront un rôle important à jouer dans l’enquête du gouvernement sur l’inconduite sexuelle et le harcèlement dans l’armée canadienne. De la victoire de Bonnie dans les années 80 à la lutte de Krystina pour le personnel de demain, June Winger affirme que son syndicat et ses membres continueront à lutter contre le harcèlement au travail sous toutes ses formes.

« Nos 20 000 membres fournissent fièrement des services aux Forces armées canadiennes, et s’attendent à ce qu’on les écoute et les respecte », affirme-t-elle. « Nous participerons activement à l’enquête en cours et nous nous battrons pour leurs droits. »

Krystina MacLean espère mobiliser ceux et celles qui sont passés par là pour qu’ils fassent partie de la solution. 

« Un comité consultatif, un équipage de survivants, saura repérer les trous dans le navire, déterminer pourquoi il coule et trouver la solution pour le remettre à flot. »

1 Décembre 2021