Les raisons de voter pour la grève

Un message de Chris Aylward, président national de l'AFPC

La décision de passer au vote n’a pas été prise à la légère. Elle est le fruit de consultations avec les équipes de négociation que vous avez élues.

On aurait tous aimé conclure une entente il y a longtemps. Dès le début des négos, on avait clairement signifié au gouvernement notre intention d’en venir à une entente rapidement. Mais il a laissé filer toutes les occasions de le faire.

Juste avant les élections en octobre, on est retourné à la table de négociation de bonne foi. On voulait donner au gouvernement Trudeau une dernière chance de conclure une entente avant les élections. Au lieu de nous prendre au sérieux, les négociateurs du gouvernement se sont traîné les pieds. Ils espéraient qu’on allait paniquer et se contenter de moins. Puis, ils nous ont tourné le dos.

C’est assez représentatif de toutes les négociations qui ont eu lieu ces derniers temps : on arrive prêts à conclure une entente, mais le gouvernement se présente avec le même mandat et se traîne les pieds.

Vous méritez mieux

Ça fait trop longtemps que ça dure. Vous méritez mieux! Il est temps d’avoir ce qui nous est dû.

Les négociations achoppent parce que le fédéral refuse de dédommager convenablement les membres de l’AFPC pour les ratés de Phénix et de leur accorder des augmentations de salaire justes et équitables. C’est le principal obstacle, même si chaque unité de négociation a ses propres enjeux.

Ça fait quatre ans que dure le cauchemar Phénix. Malgré tout, on continue de se pointer au travail, jour après jour. De son côté, l’employeur n’a même pas la décence de nous offrir des augmentations de salaire qui tiennent compte de l’inflation.

Accepter cette offre, c’est accepter une baisse de salaire.

De la part d’un gouvernement qui voulait interagir différemment avec les fonctionnaires, c’est insultant, je dirais même pathétique.

On sait qu’on devra faire des compromis pour en arriver à une entente. On est prêts à renoncer à certaines choses, mais pas aux augmentations salariales justes et équitables.

Le jeu ne semble peut-être pas en valoir la chandelle, mais chaque fois qu’on sacrifie un point de pourcentage, ça s’accumule, si bien qu’on se retrouvera rapidement avec des milliers de dollars en moins dans nos poches chaque année.

Et si on accepte l’offre actuelle, vous pouvez être sûrs qu’à chaque ronde de négociations qui suivra, l’employeur tentera de nous faire accepter une augmentation inférieure au coût de la vie.

On ne peut pas le laisser faire, et on peut l’arrêter.

En plus de vous proposer une baisse de salaire, le gouvernement s’attend à ce que vous acceptiez un dédommagement Phénix insuffisant et injuste à tous les égards.

Cinq jours de congé, ce n'est pas juste et ce n'est pas suffisant

Cinq jours de congé, c’est bien peu pour les quatre années de cauchemar qu’on a vécu. Mais surtout, l’entente avantage les fonctionnaires les mieux rémunérés, parce que leurs jours de congé valent plus. Ceux qui gagnent moins, et qui sont parmi les plus durement touchés, recevront moins.

Pourquoi une analyste de politiques recevrait-elle deux fois plus qu’un adjoint administratif?

Et pourquoi un adjoint administratif recevrait-il le tiers de ce qu’une avocate de la fonction publique obtiendrait?

Ce n’est pas juste et c’est inacceptable.

On négocie d’ailleurs l’élargissement du processus de réclamation, afin que toute personne qui a subi des contrecoups financiers importants en raison des ratés de Phénix puisse être dédommagée.

Les cinq jours de congé à titre de dédommagement général, c’est pour couvrir tout le reste. La frustration et le stress constants, le temps personnel consacré à résoudre les problèmes, les congés parentaux ratés, les répercussions sur vos proches, les affectations intérimaires, promotions et transferts évités parce que c’était trop risqué, les départs à la retraite reportés, et la liste continue.

Voilà notre chance d’obtenir un dédommagement juste et équitable pour tout le monde. On peut faire mieux et on sait que le gouvernement ne bougera pas à moins qu’on le pousse.

Envoyez un message clair au gouvernement

Si on vous demande de voter ces prochaines semaines, ce n’est pas pour savoir si vous voulez prendre des moyens de pression au travail. La question est : êtes-vous prêts à donner à votre équipe de négo le pouvoir de conclure rapidement cette ronde de négociations, et d’obtenir l’entente juste et équitable que vous méritez tous?

Un mandat de grève, c’est un moyen de pression puissant, surtout que le gouvernement Trudeau veut éviter à tout prix un arrêt de travail généralisé. Le pays est déjà secoué par une crise. Un gouvernement minoritaire ne peut pas se permettre d’autres perturbations.

Si le gouvernement tourne en rond, c’est parce qu’il croit que vous ne vous battrez pas pour recevoir ce qui vous est dû.

Un mandat de grève fort, c’est la meilleure façon de conclure une entente rapidement, sans avoir à faire la grève.

Ce n’est pas la première fois qu’on livre ce genre de bataille et qu’on la gagne.

Si on vote tous pour la grève, on donnera à l’équipe de négo les moyens nécessaires pour en arriver plus rapidement à une entente juste et équitable pour tout le monde.

Cette ronde de négociations donnera le ton à toutes celles qui suivront.

On doit envoyer un message clair à l’employeur : l’AFPC n’acceptera rien de moins qu’une entente juste et équitable.

Je vous invite tous à voter « oui » pour obtenir les conditions de travail et le dédommagement Phénix que vous méritez.

9 Mars 2020