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La privatisation des aéroports augmentera les coûts pour les voyageurs, dit l'industrie

Aéroport

Photo : iStockPhoto

Radio-Canada

Des modifications envisagées par Ottawa pourraient entraîner une augmentation des coûts pour les voyageurs aériens, avertissent des gestionnaires d'aéroports à travers le pays.

« Les gens, surtout des finances, examinent l'affaire et disent : "voilà tout un bien, vendons-le" », soutient le président-directeur général de l'aéroport international de Vancouver, Craig Richmond.

« La difficulté c'est que si vous vendez le bien, il coûte cher et celui qui l'achète doit récupérer son prix d'achat, et nous savons que cela va faire augmenter les frais », ajoute le PDG.

Transport Canada consulte actuellement des experts de l'industrie dans le cadre de l'examen de la Loi sur les transports au Canada. Le rapport d'examen a été déposé en février dernier et un processus d'engagement avec les Canadiens, les intervenants ainsi que les provinces et les territoires a été lancé en avril.

L'un des buts de l'examen, initié par le gouvernement de Stephen Harper, est d'améliorer la vitalité du secteur des transports aériens au Canada.

« Le monde change et se tournera inévitablement vers un marché ouvert libéral pour les services aériens », soutient le rapport. « Un système axé sur la concurrence, les forces de marché et le principe de l'utilisateur-payeur est la meilleure façon d'offrir un secteur des transports solide dans la plupart des cas », ajoute-t-il.

Craig Richmond et son collègue PDG de l'aéroport international d'Ottawa, Mark Laroche, ont récemment fait part de leurs préoccupations dans une lettre ouverte publiée par le Globe and Mail.

L'aéroport international de Vancouver (YVR).

L'aéroport international de Vancouver (YVR).

Photo : @yvrairport/Twitter

La voie de la privatisation

Les aéroports principaux du Canada, dont celui de Vancouver, sont actuellement gérés par des organisations privées à but non lucratif gérées par des conseils régionaux.

Selon le rapport, les frais de location des infrastructures et des terres ainsi que les taxes foncières totalisent jusqu'à 25 % des frais encourus par les aéroports.

Une des recommandations du rapport pour que le Canada « renforce la viabilité, la responsabilité et la compétitivité du Réseau national des aéroports », est de faire « la transition, d'ici trois ans, vers une structure à capital-actions pour les aéroports importants, avec un financement par capitaux propres d'investisseurs de grands établissements. »

Ce changement serait accompagné, selon le rapport, de lois protégeant les intérêts commerciaux et nationaux et des limites seraient vraisemblablement imposées sur le pourcentage d'intérêt détenu par des investisseurs étrangers.

Craig Richmond avertit toutefois que gérer un aéroport avec pour objectif de générer des bénéfices pour des investisseurs étrangers n'aidera pas les voyageurs. « Je crois que ce serait une erreur de privatiser dans le but de faire un coup d'argent », affirme-t-il. « Actuellement, l'aéroport est géré dans le but de le rendre efficace et non pour les profits », ajoute-t-il.

Le PDG ajoute que depuis des années les voyageurs payent des frais qui servent à l'amélioration des installations et que leur demander maintenant de payer pour aider l'acheteur éventuel à payer son coût d'achat ne serait pas juste.

L'aéroport international de Vancouver

L'aéroport international de Vancouver

Photo : La Presse canadienne / PC / DARRYL DYCK

Des solutions discutables

La communauté du secteur aérien est divisée au sujet des modifications proposées, affirme Isabelle Dostaler, professeur à l'École d'études commerciales de l'Université Concordia. « Il faut prendre le temps de bien y réfléchir », croit-elle. « La privatisation n'est peut-être pas une mauvaise idée, mais nous devons bien réfléchir aux coûts qui y seront associés à long terme », ajoute-t-elle.

Mme Dostaler note que la privatisation partielle des aéroports dans les années 90 a permis de les rendre plus agréables pour les voyageurs et de générer plus de profits qui ne sont pas liés directement au transport aérien.

« Les solutions proposées sont toutefois hautement discutables », affirme-t-elle.

Isabelle Dostaler soutient qu'il est incertain que la privatisation complète des aéroports augmente les coûts pour les voyageurs. Elle qualifie toutefois le rapport d'excellent diagnostic de la situation qui démontre bien que les aéroports ne sont pas aussi efficaces qu'ils pourraient l'être.

Elle craint toutefois une solution unique pour les aéroports d'un bout à l'autre du Canada. « Une solution qui marche à Vancouver ne sera peut-être pas une solution pour Toronto, dit-elle. Il faut prendre en considération à la situation unique à chaque aéroport. »

Des coûts qui ne cesseront de grimper

Entre temps, Craig Richmond a entamé une campagne pour dénoncer les modifications proposées. Il rapporte que des banquiers de Crédit suisse ont déjà visité l'aéroport international de Vancouver pour en faire l'évaluation. « Ils étudient le tout de près, alors nous voulons que tous sachent que la vente est une mauvaise idée », soutient-il.

« Vous allez le regretter s'ils vendent l'aéroport, car, une fois vendu, il sera perdu à jamais et les coûts ne feront qu'augmenter », avertit le PDG.

De son côté, Transport Canada soutient que les conclusions du rapport sont préliminaires, qu'elles sont révisées par le gouvernement fédéral qui n'a encore pris aucune décision.

D'après un reportage de Maryse Zeidler

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