L'AFPC exhorte le gouvernement à mettre fin au racisme anti-Noirs au Canada

Mois de l’histoire des Noirs 2018 : Déclaration de l’AFPC

En ce Mois de l’histoire des Noirs, l’AFPC et le reste du pays soulignent la contribution des femmes et des hommes noirs à l’histoire et à la société canadiennes.

Les Canadiennes et Canadiens noirs sont des leaders dans tous les domaines, tant au pays qu’à l’étranger. Ils sont à l’origine de nombreuses avancées dans plusieurs sphères de la société : éducation, sciences, arts, médecine, sports, droit, technologie, politique et justice sociale. Leur force, leur passion et leur persévérance sont mises en évidence dans des communautés vibrantes partout au pays.

L’AFPC tient aussi à rendre hommage à ses membres noirs, au travail essentiel qu’ils accomplissent en offrant des services publics de qualité, et à leur apport inestimable au mouvement syndical canadien.

Racisme systémique et inégalités raciales

Pour bien comprendre le vécu des Noirs canadiens, il faut accepter que la discrimination institutionnelle et le racisme existent. En voici la preuve :

  • Le nombre de Noirs représente maintenant près de 10 % de la population carcérale canadienne alors qu’ils représentent moins de 3 % de la population générale.
  • À Toronto, les citoyens noirs ont 10 fois plus de chances que les citoyens blancs de faire l’objet d’un contrôle aléatoire d’identité dans la rue.
  • Les élèves noirs reçoivent beaucoup plus d’avis de suspension et d’expulsion que les autres élèves. En 2015-2016, à Halifax, 22,5 % des suspensions visaient des élèves noirs, qui ne représentent que 8 % de l’effectif étudiant global. À Toronto, pendant l’année scolaire 2015, les élèves noirs ont reçu 50 % des avis d’expulsion, alors que les élèves blancs n’en ont reçu que 10 %.
  • Le taux de chômage chez les femmes noires est de 11 %, soit plus du double de la moyenne nationale pour l’ensemble des Canadiennes. Elles gagnent 63 cents pour chaque dollar gagné par un homme blanc, et 85 cents pour chaque dollar gagné par une femme blanche.
  • Le système de protection de la jeunesse n’est pas à l’abri des préjugés raciaux. Les parents noirs ont 40 % plus de chances d’être soumis à une enquête des services de protection de la jeunesse que les parents blancs. À Toronto, les Noirs constituent 18 % de la population. Pourtant, en 2013, les enfants noirs représentaient 42 % des enfants placés dans des familles d’accueil par la société d’aide à l’enfance de Toronto.

Au fil des ans, la contribution des Canadiennes et Canadiens noirs a été ignorée, voire effacée (consciemment ou inconsciemment) de l’histoire du Canada. Il faut maintenant renverser la vapeur et leur donner la place qu’ils méritent dans les livres d’histoire, dans l’espace public et dans les musées. Accepter qu’il y ait eu de l’esclavage, de la ségrégation et du racisme anti-Noirs au Canada est douloureux, mais pour guérir des blessures profondes il faut d’abord les rouvrir.

L’ONU somme le Canada d’agir contre le racisme anti-Noirs

En 2016, le Groupe de travail d’experts sur les personnes d’ascendance africaine des Nations Unies a publié un rapport dévastateur (en anglais) sur la situation des Noirs au Canada. Racisme systémique, chômage, mauvaise santé et surreprésentation dans le système de justice sont autant de formes de discrimination bien présentes au Canada. Selon le Groupe d’experts « l’histoire d’esclavage, de ségrégation raciale et de marginalisation » est à l’origine du racisme anti-Noirs au Canada.

Le Groupe d’experts a fait plusieurs recommandations au gouvernement pour lutter contre le racisme systémique, notamment :

  • prendre des mesures afin de préserver et de faire connaître l’histoire des Afro-Canadiens;
  • présenter des excuses officielles et envisager des réparations pour les injustices commises envers les Noirs, y compris l’esclavage;
  • mettre fin au fichage et autres formes de profilage racial employées par les forces de l’ordre;
  • adopter et financer un plan d’action national contre le racisme.

La récente décision du gouvernement de souligner officiellement la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine est un pas dans la bonne direction, mais il reste encore beaucoup à faire. Au-delà de la compréhension des enjeux et des recherches, nous devons poser des gestes concrets afin d’éliminer le racisme anti-Noirs au Canada.

Il incombe à tous les gouvernements (fédéral, provinciaux, territoriaux et municipaux) de mener la lutte contre le racisme anti-Noirs. Le gouvernement de l’Ontario a déjà pris les devants en adoptant une série de mesures proactives visant à combattre le racisme systémique (Une meilleure façon d’avancer : Plan stratégique triennal de l’Ontario contre le racisme).

La population canadienne tire une grande fierté de la diversité et de la justice sociale qui règnent au pays. Voilà pourquoi il faut lutter sans cesse contre toutes les formes de discrimination systémique. Le temps est venu de débusquer le racisme voilé et les obstacles institutionnels qui affligent la population noire depuis des décennies.

À vous de jouer

  • Signalez les actes de racisme, voilé ou non, anti-Noirs dans votre lieu de travail et votre communauté.
  • Devenez un allié et appuyez les actions politiques qui réclament la justice pour les Noirs au Canada.
  • Participez aux activités du Mois de l’histoire des noirs.
  • Communiquez avec votre section locale ou votre bureau régional de l’AFPC pour connaître le programme des activités à l’échelle du pays.

Sujets: 

1 Février 2018