L’AFPC demande aux gouvernements d’empêcher que la COVID-19 frappe plus durement les groupes marginalisés

Les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux ont mis en place un grand nombre de mesures en vue d’aider la population durant la pandémie de COVID-19. Malheureusement, celles-ci ne tiennent pas toutes compte des droits de la personne et des principes d’équité. Les gouvernements doivent en faire davantage pour répondre aux besoins des populations les plus vulnérables et marginalisées du pays. 

Les femmes, les personnes racialisées, les Noirs, les Autochtones, les personnes ayant un handicap et les LGBTQ2+ sont toujours victimes de discrimination systémique. La pandémie n’a fait qu’exacerber la discrimination et mettre en lumière les inégalités systémiques qui perdurent. 

  • Les femmes sont toujours moins bien payées que les hommes et plus susceptibles d’occuper un emploi à temps partiel ou précaire. C’est pire encore pour les femmes des groupes d’équité, qu’elles soient racialisées, autochtones, lesbiennes, bisexuelles, trans, non binaires et/ou handicapées.  
  • Des études ont démontré que les catastrophes entraînent souvent une hausse de la violence fondée sur le genre. Les autorités sanitaires recommandent le confinement pour lutter contre la COVID-19, mais rester à la maison n’est pas nécessairement la meilleure option pour les personnes en situation de violence familiale. 
  • Les autorités sanitaires le répètent sans arrêt depuis le début de la pandémie : avoir une bonne hygiène et se laver souvent les mains sont nos meilleures armes contre le nouveau coronavirus. Deux consignes qui sont difficiles à respecter dans bien des communautés autochtones qui n’ont même pas accès à de l’eau propre.  
  • On retrouve beaucoup de membres des groupes d’équité parmi les travailleuses et travailleurs essentiels, tant dans les secteurs de la santé et des services sociaux que dans la vente au détail et l’agriculture. En général, il s’agit d’emplois temporaires et mal payés, une situation précaire où il est peu réaliste de faire valoir ses droits en matière de santé et sécurité. Les travailleurs migrants dépendent de leur employeur, qui peut les expulser s’ils soulèvent des problèmes. 
  • Les mesures prises par les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux – confinement et fermeture des entreprises et des écoles – ne doivent pas se traduire par une hausse du profilage racial, des interventions policières et/ou des microagressions à l’endroit des personnes racialisées, des Noirs et des Autochtones. 
  • Le travail précaire, l’itinérance, la pauvreté, le sous-emploi, le chômage et l’isolement social, tel est le lot de bien des membres des groupes d’équité. Alors, rester chez soi n’est peut-être pas une option pour ces personnes, qui n’ont pas les ressources financières nécessaires pour payer un loyer et s’acheter de la nourriture et des médicaments. 
  • La pandémie de COVID-19, et les mesures instaurées dans la foulée par les gouvernements, ont des effets importants sur la santé mentale de bien des personnes vulnérables. En voici quelques exemples : les trans sont préoccupés par l’accès aux traitements hormonaux essentiels; les personnes ayant un handicap pourraient ne plus avoir accès aux services de santé dont elles ont besoin parce que la priorité est donnée à la lutte contre la pandémie et qu’elles sont plus vulnérables à la COVID-19.  

Par conséquent, l’AFPC enjoint aux gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux de veiller à ce que chaque Canadienne et chaque Canadien, quel que soit son statut d’emploi ou d’immigration, obtienne l’aide financière et sociale dont il a besoin. Voici comment : 

  • offrir à quiconque en a besoin le dépistage, le traitement et les soins vitaux pour la COVID-19, sans exercer aucune discrimination. Pour ce faire, les gouvernements doivent s’attaquer aux obstacles qui empêchent les groupes marginalisés d’accéder aux soins de santé d’un bout à l’autre du pays; 
  • proposer des solutions de rechange abordables et accessibles aux gens qui ont besoin de services en santé mentale; 
  • étendre l’accès à des services de garde d’enfants sûrs, agréés et gratuits aux parents d’enfants d’âge préscolaire et/ou scolaire qui doivent travailler pendant la pandémie; 
  • intégrer le financement des services de garde d’enfants au plan d’intervention du gouvernement en cas de pandémie de sorte qu’il y ait des programmes de garde d’enfants agréés lorsque la crise sanitaire prendra fin; 
  • augmenter le financement des refuges à l’échelle du pays afin qu’ils puissent venir en aide aux victimes de violence fondée sur le genre; 
  • ne faire aucune discrimination lorsqu’ils traitent les demandes de mesures d’adaptation des employés, qu’ils travaillent ou non à la maison; 
  • mettre en œuvre des mesures visant à surveiller étroitement la santé et la sécurité des travailleurs essentiels et critiques pendant cette crise; 
  • intégrer l’analyse intersectionnelle et comparative entre les genres à toutes les mesures mises en œuvre pour aider la population. 

L’AFPC continuera de soutenir ses membres des groupes d’équité afin qu’ils ne soient pas touchés de façon disproportionnée par la pandémie de COVID-19. Nous afficherons bientôt une liste de ressources pour aider les membres à traiter des questions relatives aux droits de la personne en temps de pandémie. 

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23 Avril 2020